Bücher von Abdennebi Ben Beya

Printemps hivernal n¿a d¿autre ambition que de conter le rêve et ses travers. Le poète a pris son temps. Janvier 2011-Janvier2020 est le nombre de ces longues années d¿attentes. Elles nomment un processus tracé de pentes et de descentes, d¿espoirs et de rechutes, d¿embûches et d¿impasses. Les peuples arabes souffrent de la désillusion. Sous la plume du poète, le supplice devient ¿épopée¿, l¿histoire contée en rythmes secoués par la tempête. La laideur du moment est reportée avec décence par respect aux spectres, mais parfois avec la rage incontrôlée. Il y a des spectres et des spectres. Il y en a qui sont maléfiques, qualifiés de gothiques, des ¿Draculä nocturnes qui sucent notre sang, et se cachent la journée. Ils se déguisent en ¿humains¿, portent costumes et cravates. Il y a d¿autres spectres qu¿on appelle ¿des zombies¿ inoffensifs, des morts vivants qui végètent. Il y a aussi ceux d¿outre-tombe dont on ne se souvient que comme monnaie d¿échange, mais même morts, les martyrs dérangent, hantent les criminels. Printemps hivernal nous met devant l¿obligation de l¿éthique d¿une écoute insomniaque.

On a beau chercher un idéal relationnel humain, on tombe à chaque fois dans le piège des séparations entre les formes. Je t¿écris de mes manques résume une quête, un désir universel d¿établir des rapports sains entre les êtres. Le recueil ouvre la voie aux possibilités et nous sauve des sentiments appris sur les bancs de nos clichés. Eros ici est en fête, défiant ainsi les divisions des genres. Ce recueil est en partie un hymne à l¿amour, à l¿amitié, mais il est aussi bourré d¿amertume. Lorsque c¿est le cas, dur, dur de lire, comme il fut aussi dur d¿écrire ces fragments de la nuit. Le regard du poète s¿assombrit et sombre dans ces miettes de misère que le spectacle exhibe à sa vue : une femme est violée, une autre est endeuillée, une autre se défend d¿être objet. Multiples et singulières, on jurerait d¿entendre leurs voix qui crient à travers les lignes des poèmes. Le poète n¿est pas porteur de message. Il ne demande pas qüon souffre avec, qüon ait pitié, qüon partage. On ne lit pas Je t¿écris de mes manques, on l¿avale, tel un calmant pour apaiser les douleurs de notre quotidien.