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De 1950 à 1995, Guy Debord a mené des activités radicales d'artiste d'avant-garde, de militant et de théoricien, qui ont laissé des traces durables à un niveau national et international. Avec son concept de spectacle, qui incarne à la fois une critique de la vie quotidienne, un réquisitoire contre la marchandise et un plaidoyer en faveur de la récupération du temps historique, il a contribué à déplacer des lignes de force théoriques et pratiques. La plupart des concepts « politiques » (prolétariat, révolution, aliénation, etc.) caractéristiques du discours intellectuel de ces années-là n'en sont pas restés indemnes. Ce sont de telles transformations que ce numéro de la Revue Française d'Histoire des Idées Politiques s'attache à analyser, en réunissant notamment des contributeurs ayant eu accès aux inédits de Debord, conservés à la Bibliothèque Nationale de France.

Axé sur des terrains de recherches approfondis en Amérique Latine, Afghanistan, Irak, Mali et au Burkina Faso, ce numéro s'intéresse aux effets des interventions occidentales sur la structuration de régimes miliciens et des économies deviolence locales. En étudiant les dispositifs miliciens, les articles interrogent le fonctionnement de la gouvernance des populations et des pratiques occidentales de la guerre. Ce numéro scrute ainsi le rôle de l'international dans le processus de formation du capital militaire des milices, soit leur capacité à organiser de la violence collective, à imposer des modes de gouvernance et de nouvelles hiérarchies locales qui transforment brutalement les sociétés.

Il existe peu de travaux sur les femmes dans la littérature en sciences humaines et sociales sur la région saharo-sahélienne. Ce dossier révèle précisément ces manques tout en invitant lectrices et lecteurs à s'imprégner de quelques-uns des enjeux contemporains dans lesquels les conditions de vie des femmes de la région sont imbriquées : autonomisation dans la migration, accès aux droits, luttes de pouvoir et participation politique, mutations des rapports de genre et des rapports entre groupes statutaires dans des sociétés où les inégalités de naissance pèsent encore très lourd, rapports au corps et construction de soi, effets de la sédentarisation sur la place des femmes dans la société. Autant de sujets qui offrent de stimulantes pistes de recherche.

Comme nous le verrons dans ce numéro 59 de la revue Savoirs portant sur l'interculturalité en formation, il ne s'agira pas tant de caractériser un ensemble composite commun à différentes cultures, mais de signifier le souci d'une personne ou d'un groupe de s'ouvrir à une autre culture, ainsi qu'à celles et ceux qui l'incarnent, pour en comprendre les traditions et les valeurs, en vue d'instaurer des convergences. La Note de synthèse proposée par J. Mbiatong s'intéresse au développement polymorphe de l'interculturalité, notamment dans les champs du management humain au sein des organisations internationales, des métiers de l'intervention sociale ou médico-sociale et de la formation. La question est également traitée sur le plan historique depuis l'après-Seconde Guerre mondiale jusqu'à nos jours, afin de mieux saisir la compétence interculturelle au sein d'un environnement mondialisé.

Les transformations observées ces vingt dernières années semblent annoncer un nouveau travail sur des espaces tout aussi nouveaux. Ces transformations qui échappent aux cadres du salariat dans son « modèle » occidental s'expriment largement dans les nouvelles activités lucratives qui se développent dans les grandes villes africaines. Les Cahiers du GERTOM visent donc à contribuer à la diffusion des connaissances de ce qui se joue dans les diverses remises en cause des « traditions » salariales, en même temps qu'il importe de mettre en perspective les régulations du travail, notamment dans leurs formes les plus instituées.À mesure qu'il se réinvente et qu'il innove ses expériences, le travail tend à se désincarner au salariat du 20e siècle.

Dossier - Un état du marxismeHistoire du marxismeChronique - Le débat Marx 1983-1986Livres

Au sommaire de ce numéro : Le comité éditorial de la revue Politique européenne / Le gouvernement de l'Union européenne revisité : l'éclipse du « dirigisme communautaire » / Le corps de presse de l'Union européenne 2000-2020 : permanences et transformations d'une institution journalistique / Le semestre européen, un outil d'intégration ou de fragmentation ? / Mobiliser l'Union européenne dans la conduite de l'action publique nationale : le cas des usages de la soft law par les groupes d'intérêt / (De-)Politicization of the EU from a Citizens Point of View: A New Comparative Focus Group Study.

Le projet initial de Gaston Berger était celui de développer une « anthropologie prospective », un examen des situations dans lesquelles « l'homme » allait être placé à l'avenir. En suivant ce projet, toujours en devenir, d'une démarche ayant pour exigence de se trouver au plus près des dynamiques sociales, économiques, écologiques, c'est à certaines de ces opérations transformatrices de la prospective que nous avons souhaité aborder dans ce numéro. En reconnaissant un monde habité, et habitable, composé par de nombreux opérateurs du territoire s'opèrent de nombreux réajustements théoriques et pratiques. Un tel processus est éminemment un travail politique puisqu'il vient redéfinir les catégories d'appréhension du monde et les modalités de prises de décision. Une telle approche considère alors que le travail de la politique consiste à configurer son propre espace en faisant voir le monde de ses sujets et de ses opérations. Dans le contexte de nouveaux défis liés à l'anthropocène, un renouvellement théorique et pratique des démarches de prospective territoriale apparaît nécessaire : renouvellement de son approche du territoire et des méthodes pour entreprendre sa description. À cette condition, la prospective territoriale pourrait bien révéler son potentiel contributif aux débats démocratiques et plus largement aux débats publics de nos sociétés contemporaines.

Face au danger que génère une crise, les acteurs d'un groupe social cherchent généralement à se mettre en lieu sûr. C'est le cas d'une crise environnementale (un tsunami, un tremblement de terre, une canicule), d'une crise économique, d'une crise sociale (pauvreté, ségrégation) ou d'une crise politique (guerre, répression). Mais, comment agir lorsque les espaces sécurisés sont rares, voire inexistants ? Lorsque la crise est globale ? La crise sanitaire provoquée par la pandémie de la Covid-19 touche la terre entière et accentue les mouvements entropiques socio-politiques et économiques. Depuis l'identification du virus à la fin de 2019, notre « faire société » a été profondément bouleversé : les règles, les critères, les normes classiques ont été remis en question à tous les niveaux (macroéconomique, microéconomique et interindividuel). Ce numéro aborde ces questionnements, analyse le bug (le dysfonctionnement) systémique et propose des pistes pour comprendre les processus menant à la réinitialisation nécessaire de la « machine » économique.

Lorsque le 17 mai 1997, les troupes de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo Zaïre (AFDL) pénètrent dans la capitale zaïroise, Kinshasa, la population jubile et salue la « libération » ! Sans se préoccuper ni de la genèse de cette « rébellion », ni de ses principaux parrains et exécutants, ni de ses véritables bénéficiaires, sans s'inquiéter de cette « alliance » aux contours nébuleux qui venait, intempestivement et comme par effraction, faire voler en éclats le processus de transition démocratique qui prenait - lentement, mais sûrement - son envol. C'est le début du malentendu entre « libérateurs » et « libérés ». Un malentendu long de vingt-deux ans...