Bücher von Gianna Pallante

Sur la base d¿un certain nombre de convictions partagées, les auteurs se sont livrés à des réflexions concernant l¿éducation morale et interculturelle à une époque où les valeurs du vrai, du bien et du beau sont contestées au nom de l¿économie et des profits qüelle permet d¿engranger et où la mondialisation au lieu de promouvoir la rencontre des cultures en prône plutôt l¿uniformisation.

Nous ne pouvons pas refuser les nouveautés de l¿histoire humaine et la mondialisation en est une, mais comme pédagogue et philosophe nous avons le devoir de la mesurer à l¿homme, comme nous le pensons et l¿interprétons. La démocratie et l¿abattement des frontières du global village, tant vantés par le néolibéralisme, deviennent une excuse pour pouvoir pénétrer sans plus demander la permission aux frontières. Que les peuples soient appauvris des valeurs culturelles, historiques et personnelles, n¿est pas la préoccupation de l¿hyper-libéralisme. Son unique but c¿est l¿enrichissement incontrôlé avec une exploitation du milieu naturel et culturel au niveau mondial. La révolution française ou marxiste doit encore s¿accomplir : la liberté est réservée aux seuls riches du monde, l¿égalité aussi. Quant à la fraternité pourrait-elle seulement advenir ?

Le rôle du corps dans l'amour, la connaissance, la transcendance que nous propose Marcel est indubitablement toujours actuel. Les situations sociales depuis 1985, année de la rédaction de ce texte, ont vraiment changé. La mondialisation nous a un peu uniformisé. Nature, culture et facteurs sociaux s'entrelacent et changent, mais les données humaines sont les mêmes. Quel est aujourd'hui le rôle du corps ? Dans l'innamoramento, dans l'érotisme, dans l'amour, dans la procréation, dans la connaissance ou dans l'expérience religieuse ? « Je suis mon corps », répète Marcel, et il identifie le corps propre avec la personne, le je lui-même. Si ce n'était que cela, on peut dire qu'à notre époque un peu partout, les hommes prennent leur propre corps et le corps de l'autre comme un objet duquel on peut disposer à sa guise.

Vivre dans une autre culture, n¿est pas seulement vivre en dehors de son terroir, mais s¿immerger dans un autre monde symbolique. En vivant en dehors de ma terre natale, j'ai pu me rendre compte que la culture n¿est pas touchée par un discours rationnel d¿un jour ou d¿un an et que pour entrer en dialogue avec l'autre, il fallait du temps et de la patience. On n¿arrive pas à comprendre l'autre sinon en reconstruisant avec patience le puzzle de son histoire millénaire. Je crois que ni l¿assimilation ni l¿intégration ne peuvent aboutir à la construction d¿un nouveau vivre ensemble, si les cultures ne font pas un effort conscient de dialogue intra-culturel, prise de conscience et critique interne, avant de se lancer dans le dialogue interculturel. Sans une auto-interprétation de chacun pour se rencontrer avec l'autre dans un terroir humain commun, toutes les formules du vivre ensemble interculturel ne peuvent qüéchouer.