Bücher der Reihe Graveurs de Mémoire

A la demande de sa petite fille, l'auteur a écrit ses souvenirs avec un grand souci de sobriété et de précision, pour lui permettre d'imaginer ce que fut sa jeunesse à Bordeaux et à Arcachon avant 1939, ses angoisses nées de la guerre et de l'Occupation, son évasion de France par l'Espagne en juillet 1943, Alger, Paris et la guerre finie, son retour à Arcachon.

L'auteur a été fortement marqué par des événements historiques hors du commun ¿ la Seconde Guerre mondiale, la guerre d¿Indochine et la guerre d¿Algérie, puis la guerre froide et la fin du communisme.Il a été porté par ces chamboulements, tout en saisissant les occasions que la vie lui a offertes de découvrir des territoires inconnus : l¿armée, les services secrets, l¿Afrique, la vie politique, le monde de l¿entreprise et l¿écriture.

Raymond, c¿est l¿histoire d¿un gamin de Martigné-Ferchaud (Ille-et-Vilaine), entré en résistance en 1943, arrêté, déporté, puis qui a disparu en Allemagne, comme de nombreuses autres victimes de ce conflit tragique. Un absent que, longtemps après les faits, Marc Drouet a décidé de retrouveren retournant sur les différents lieux du drame.Les périodes ne se ressemblent pas, les faits ne se comparent pas : pourtant, ce voyage en compagnie du fantôme de Raymond a posé à l¿auteur la question universelle de l¿engagement, celle du non qüAntigone posait déjà à Thèbes. C¿est un voyage à travers les époques et à travers l¿Europe ¿ de Martigné-Ferchaud à Schwerin ¿ pour tenter de retrouver un corps et donner un sens à une mort prématurée.Tout au long de ce parcours, Raymond ne lui a jamais demandé ce qüil aurait fait à sa place, mais, de manière plus dérangeante, ce qüil fait au moment où les dérèglements climatiques le placent face à ses propres responsabilités...

Comment ont été vécus, loin de Paris et des grandes villes, les bouleversements de la première moitié du XXe siècle ? Médéric Estanié, né en 1881 mène une vie paysanne au rythme des saisons dans son village de Faycelles, Lot, qüil ne quittera que pour aller à la guerre. À son retour, gravement blessé, il retrouve les 3 hectares de cette terre à laquelle il est tant attaché. De 1935 à 1945, il exercera la fonction de maire, témoin privilégié de ces années tourmentées.

Cet entretien avec l¿artiste peintre Louis Georget Boyer n¿a pas pour unique visée de présenter une ¿uvre, mais d¿en montrer l¿originalité profonde, notamment dans ce qüelle a de spécifiquement réunionnais et, ce faisant, de tenter de définir ce que serait un art qui s¿affirmerait prioritairement comme tel.Réunionnaise, la peinture de L. G. Boyer l¿est par ce qüon pourrait appeler sa « manière » (le métissage de ses influences picturales, l¿acceptation sans condition de ce qui détermine et déclenche l¿acte de création), ainsi que par les motifs qui l¿inspirent (le monde de l¿enfance, du tan lontan, la nature environnante et les entités ancestrales qui l¿habitent).C¿est sans doute la raison pour laquelle tant de gens à la Réunion, et pas seulement les amateurs d¿art, apprécient et se retrouvent dans ces tableaux.

« Mais si, mais si, j¿écris, mais bien sûr que j¿écris, puisque je suis autrice. C¿est ce qüon dit, et que j¿essaie de dire, bouffie d¿imposture. Mais ça bouchonne au portillon, toutes les idées se bloquent, toutes les images se figent. Tant que celui-là ne sera pas écrit, je n¿écrirai rien d¿autre. Celui-là, l¿auto-fiction, le roman, la pièce, le monologue, le dialogue, la chose, là, sur ma mère. La chose qui me mine et m¿étouffe, le cri, la gueulante qui ne me lâche pas, et me coince, et m¿empêche. Le merdier où surnagent des mots pêchés dans un lac de fer, modelage, inquiétude, humiliation, inquisition, fusion et asphyxie, il va bien falloir l¿ordonner, le mettre en langage, l¿apprivoiser en souvenir, le délier, le délivrer, j¿ai mal où tu as disparu. »C¿est le portrait d¿une femme dévastée, superbe, obsédée par la beauté des corps et brisée par la Shoah.C¿est l¿histoire d¿un silence et d¿une enfance minée par le secret, d¿une relation mère-fille fusionnelle dans l¿amour et la haine.C¿est un membre fantôme qüil va falloir, un jour, apprivoiser.

A travers le personnage de Ninette, c'est l'histoire d'une famille de Juifs tunisiens qui est ici reconstituée en séquences animées, avec le langage idiomatique judéo-arabo-tunisien, les expressions intraduisibles. Hasard ou nécessité ? Déterminisme ou coïncidences ? Qui pourra dire pourquoi le sort s'est acharné sur cette famille bénie, cette femme heureuse entourée d'un mari chéri et de ses trois filles adorées ? La saga de cette famille d'un quartier tranquille de Tunis -la Tronja- entre 1942 et 1953.

Le professeur Dubos est considéré aux Etats-Unis comme l'une des personnalités les plus importante du XXème siècle. Il découvre en 1938 à New York le premier antibiotique, la Tyrothricine, qui ouvrira la voie un peu plus tard à la Pénicilline. En 1960-1970, le professeur entame alors une réflexion sur les rapports Homme/Nature et sur la place de l'Homme dans le Cosmos.. Cet ouvrage, sortit en 1962 aux U.S.A illustre la réflexion du scientifique : le Futur de l'Homme n'appartient qu'à lui seul, mais en symbiose avec la Nature qu'il a apprivoisée et façonnée.

Née à Rennes en 1942, dans la tourmente de la guerre, Marie-France Lemains passe une adolescence heureuse en Bretagne, dans l'insouciance des années 50. En 1964, elle fait la rencontre à l'Université de Caen d'un jeune Camerounais, étudiant en Droit, qui devient son mari. La nouvelle page de sa vie va s'écrire au Cameroun à partir des années 70. Elle raconte ici ses découvertes, ses expériences et, plus particulièrement, ce qu'a été son chemin dans le sillage d'un mari Avocat, très engagé dans le destin politique de son Pays.

De sa Bourgogne natale à la région parisienne, en passant par Nancy, le récit de la Vie de Jean David convie le lecteur à ajuster son écoute aux rythmes d¿une existence individuelle discrètement inscrite dans les grands courants mouvementés de la temporalité historique du xxe siècle.  En s¿approchant de cet humble visage pétri par la vie,  « buriné par la modestie des tâches quotidiennes » tel qüil se dévoile et se donne à lire au fil des pages, le lecteur attentif saura découvrir la trace lumineuse d¿un vrai livre de vie.

Il s'agit ici de mémoires d'hommes qui, toute leur vie, se sont placés au service de l'Etat et ont su assumer leurs fonctions sans jamais se départir de leur humanisme. L'auteur y parle de son père et de son grand-père, instituteur laïque de la IIIe République, pour qui la laïcité était une véritable mission, ce qui a d'ailleurs incité l'auteur à intégrer les "carnets" de son aïeul dans lesquels, il revenait sur son enfance et sa "guerre", la première guerre mondiale. A travers ce récit, le lecteur est convié à la traversée d'un siècle.

Embarqué en 1895, à l¿âge de 12 ans, sur un morutier armé à  Fécamp, Alexandre Soudry ne quittera le grand métier que 38 ans plus tard.  L¿auteur, son petit fils, retrace ici sa vie. Navire après navire, campagne après campagne ressurgit l¿histoire de la grande pêche ; celle des doris, celle du chalut, mais aussi le récit de deux abordages successifs auxquels Alexandre Soudry survivra par miracle. L¿auteur pose aussi une question lancinante, celle de savoir pourquoi malgré des conditions de vie effroyables, son grand-père retourne sur les bancs année après année.  Ce livre offre aussi un étonnant panorama des navires morutiers fécampois puisque Alexandre embarquera tour à tour sur 29 d¿entre eux, dont le célèbre Marité dont il fut lieutenant.

Le petit Paul décrit l'enfance et l'adolescence de l'auteur dans un quartier populaire de Marseille des années d'après-guerre. Il pousse comme il peut, dans un logement insalubre, face à une mère volage et alcoolique. Empli de tendresse et de compassion pour ses parents, il nous fait partager avec humanité les moments phares de sa vie : les vacances au camping, l'entrée au lycée, les virées dans les rues de Marseille avec son seul ami Gérard, sa passion pour les chevaux de course, ses amours...

L¿universitaire et avocat Pierre Gaborit, élu municipal pendant 30 ans, dissèque sans complaisance les institutions qüil a fréquentées au fil de sa vie. Des cabinets ministériels aux assemblées d¿élus, des universités au monde de la justice, sans oublier les partis politiques sur lesquels il jette le regard du militant, mais aussi du scientifique puisqüil leur a consacré sa thèse de doctorat. Son récit est agrémenté de nombreuses anecdotes et des portraits de ceux qui l¿ont marqué tout au long de son parcours. Autant dire que ce livre est davantage la narration d¿une vie riche et mouvementée qüun discours de spécialiste de science politique.

Cet ouvrage relate, de 1963 à 2023, le parcours d¿un géographe qui se situe à une période-clef de l¿évolution de la discipline. L¿auteur est passé d¿une géographie tropicale classique à une géographie critique dont la dimension géohistorique a été de plus en plus affirmée. Il a construit sa géographie à partir de deux terrains fondamentaux très différents et éloignés, enracinés dans sa biographie familiale et intellectuelle : du monde rural du nord de la Thaïlande à la diaspora des Grecs pontiques. Privilégiant la proximité linguistique et des relations amicales au sein des populations étudiées, il a constamment associé enquêtes, observations de terrain et conceptualisations empruntées ou créées. Les débats et controverses sur sa thèse, sur le tropical en géographie, des épisodes vécus en Thaïlande, Birmanie ou dans le Caucase, émaillent ce texte autobiographique.

Cuba en 2023 a annulé son défilé du 1er Mai à La Havane pour cause de pénurie de carburant. Où vont cette île et son expérience politique unique ?Frédéric Delorca, vingt-cinq ans après ses premiers pas dans le domaine de l¿information alternative, offre ici un récit de voyage plein d¿allers-retours entre l¿actualité et l¿histoire ancienne de Cuba, entre description de sa situation économique et réflexion sur ses inspirations spirituelles.Un témoignage personnel sur le destin d¿un pays placé au seuil de choix très difficiles.

Et voilà le travail ! raconte une aventure personnelle et collective dont le fil rouge, durant près d¿un demi-siècle, a été de mettre en valeur le travail, les métiers, les savoir-faire. Ce récit qui démarre en Seine-Saint-Denis nous fait voyager sur l¿ensemble du territoire national. Il relate des rencontres, des événements, des anecdotes où l¿humain prend une grande place. Il est, en même temps, l¿occasion de mettre l¿accent sur une filière que le monde entier nous envie : la visite d¿entreprise. L¿auteur précise les raisons d¿une telle réussite et livre une analyse de l¿évolution et des enjeux de ce tourisme de savoir-faire.

Sa vie est une histoire qui se raconte comme un rêve, une rage de vivre, une ambition, une simple réalité d¿un quotidien nostalgique qui devient d¿actualité dans le contexte que nous traversons. Né dans un quartier de la ville de Tizi-Ouzou, il découvre en arrivant en France qüil a vécu les mêmes blessures et déceptions que celles des jeunes des quartiers. Parti de rien, avec comme bagage l¿envie et l¿ambition, il gravit les échelons de la vie professionnelle et sociale en France. A son époque, il n¿y avait pas d¿ascenseur social,   ni de discrimination positive. Tout s¿est fait au forceps. Il fallait oser des coups de génie et se donner l¿envie de rentrer de plain-pied au c¿ur de la République. Il a grandi et espéré face à la tour Eiffel. Comme un symbole qüil a porté, avant et durant son arrivée en France, elle lui a donné le sens de la hauteur d¿âme et d¿ambition.   Il se considère comme un enfant gâté par la République, qui lui a tant donné. Il a souhaité le lui rendre à travers son engagement dans les quartiers auprès des jeunes.   Décoré de la Légion d¿honneur, il a toujours pensé que la reconnaissance de la Nation n¿était pas une fin en soi, mais le début d¿un engagement sociétal fort et sans limites.

En 1992, le Front islamique du salut, le FIS, est aux portes du pouvoir en Algérie après avoir remporté le premier tour des élections législatives. Un coup d'État militaire annule le vote. Des dizaines de militants islamistes prennent alors les armes pour revendiquer leur victoire politique. Confronté à une insurrection d'une violence inouïe, le pouvoir algérien mobilise l'armée dont 70 % des effectifs sont composés d'appelés.Ces soldats mal formés et peu équipés assureront la sécurité et maintiendront l'ordre notamment dans le pays profond. Plusieurs perdent leur vie dans les embuscades. D'autres revenus entiers auront laissé leurs âmes dans les opérations militaires. L'auteur, officier appelé entre 1994 et 1996 dans un bataillon de l'armée algérienne, tente de décrire à travers 18 récits, les souffrances de ces jeunes dont les existences ont été bouleversées. Il essaye aussi de dépeindre la vie de la population prise en étau dans une guerre dont elle voulait être épargnée. Ce livre se veut un témoignage inédit sur un conflit sans images, érigé en tabou et dont les témoins sont interdits de parole.

Au fond, qui sait vraiment ce qui se passe dans les coulisses de l¿Université, gérée par des fonctionnaires ? En obtenant l¿agrégation de géographie en 1968, l¿auteur s¿engageait, sans vraiment s¿en rendre compte, dans une telle carrière d¿enseignant et chercheur, qui prit fin en 2004, lors de son départ en retraite, après 34 années remplies de richesses et de désappointements. Son témoignage, bourré de ce que l¿on appellera des « anecdotes », expose, d¿une façon critique, comment il devint fonctionnaire et contribua donc à faire (dys-)fonctionner une modeste part de l¿enseignement supérieur français. L¿Université « d¿avant » ? Il montre de façon éloquente que les bonnes volontés ne manquent pas pour s¿investir dans l¿Université, mais que les moyens font souvent défaut pour tenir les « promesses » du système, auquel le « classement de Shanghai » ne saurait servir de paravent ou d¿alibi.

Le piano est un entremetteur malicieux. Gagne-pain et fil conducteur des étapes d'une vie, il a ouvert des portes inespérées au petit enfant du Dauphiné qui rêvait du monde. À la fois musicien pour l'image et chercheur en sciences sociales, Henry Torgue livre son parcours riche de rencontres : un soldat russe égaré en Tchétchénie, des stars américaines de la danse, quelques essayistes fameux, une archéologue brésilienne, les débuts d'un célèbre chorégraphe français, de grands cinéastes, des bras polynésiens ouverts et beaucoup de personnages attachants, connus et inconnus. Truffé d'anecdotes émouvantes ou désopilantes, Le Piano confident déroule une vie illustrant les doutes, les tensions et les rêves d'une époque en bascule. Convoquant dans le même destin individuel approche scientifique et création artistique, ce témoignage met en scène les coulisses de la vie culturelle à la jonction de deux siècles, transition vertigineuse entre l'insouciance d'une époque qui se croyait éternelle et les angoissants défis d'aujourd'hui.

Françoise est obligée de dire « maman » à deux femmes différentes. Comment vivre dans cet écartèlement permanent ? Quelle place pour elle dans son entourage ? Comment trouver son identité propre ? Hélène, sa mère biologique, a été contrainte de renoncer à ses droits maternels. Son père Pierre et son épouse Madeleine ont adopté l'enfant. L'univers de Madeleine est réactionnaire et fermé tandis que le monde d'Hélène est populaire et joyeux. Françoise réussit pourtant à « advenir comme sujet de son existence ». Au fil des souvenirs s'affirme le réquisitoire contre une société régie par des normes patriarcales injustes et cruelles. Cet itinéraire de vie rejoint d'autres drames familiaux mis en récit, mais est resté loin du retentissement médiatique que connaissent de nos jours des scandales enfin dénoncés.

Ce livre expose les billets d'anniversaire, subjectifs, « bruts » et sincères de l'autrice, reflétant sa vie intime et ses tourments pendant un grand demi-siècle (1951-2022). Chaque billet se complète d'une partie plus objective, qui en précise le contexte général et spécifique. Ce témoignage évoque ainsi des thèmes tels que l'amour, l'immense tsunami social et personnel de Mai 68, les bouleversements de l'institution scolaire et universitaire, le rapport à la nature, à la culture (musique, danse, etc.) et aux événements politiques. Le lecteur/la lectrice d'aujourd'hui pourra y retrouver des éléments de sa propre sensibilité. Au-delà de l'histoire d'une relation intense et tourmentée, reste le thème central de ce livre : celui des rapports entre la judéité laïque et diasporique (trauma de la Shoah, intégration et liens entre « nationaux » et enfants d'« immigrés »¿) et le féminisme (problématiques du couple, de la maternité, de la famille et du vieillissement¿).

Récit socio-familial dans la Vendée des années quarante à soixante. L'auteure explore à la fois le monde ouvrier et laïc, du côté de sa mère, et le monde rural et catholique, du côté de son père. Elle décrit et fait vivre cette période de l'Histoire dans la singularité de son histoire, qu'elle émaille de digressions et anecdotes, reconstituant ainsi l'ambiance de ses jeunes années. Cet intime ne se réduit pas à de l'intime mais ouvre à de l'universel, et partant, à du politique. Depuis ce lieu d'ancrage, elle porte un regard à la fois subjectif et extérieur, quasi ethnographique, sur des figures d'un monde qui n'est plus. Elle en montre les contraintes et les failles, voire les pathologies, mais aussi les joies et les fêtes. Elle montre aussi où s'est fondée sa vocation de psychanalyste.

Adolescent, l'auteur rêvait d'être diplomate, sans savoir ce que cela voulait dire. Au Congo ex-belge où il fut professeur de 1965 à 1968, il observe la fabrication d'un dictateur, celle de Mobutu. Il passe un an à Sciences po (Paris). Après avoir réussi le concours d'entrée aux Affaires étrangères en 1970, le rêve devient réalité. S'ouvre alors un long parcours de diplomate belge qui conduit Michel Carlier dans onze capitales où il fut sept fois ambassadeur de Belgique. Diplomate atypique, il servit discrètement son pays dans des États dictatoriaux ou en voie de démocratisation. Il a gardé de tout cela des souvenirs peu communs dont il raconte une partie dans le présent livre. La Pologne communiste, l'Espagne franquiste en transition réussie vers la démocratie, l'Argentine post péroniste, le Chili de Pinochet et l'Éthiopie sous la dictature rouge de Menguistu sont racontées sans langue de bois. Une fois ouvert, ce livre ne se lâche plus.

Découvrir les Etats-Unis dans la situation d'un intellectuel africain qui n'a pas encore terminé l'analyse de ses rapports avec l'Europe et qui ne sait pas encore ce qu'il fera de ses sentiments ambivalents sur les rapports de la race noire et des autres races, peut précipiter la plus forte et la plus complète des intelligences dans un trouble profond. La société américaine feint d'accepter le métissage, mais la réalité est ailleurs, dans une forme d'apartheid que chaque communauté raciale et chaque groupe culturel vit.

"J'étais fait, préparé, arrangé, travaillé, et construit pour tout supporter, pour affronter les déserts et les mers, les tempêtes et les torrents, pour tout accepter, pour tout vivre et tout transcender. Ce n'était plus le jeune de vingt ans qui se tenait là, devant des oncles réticents et absents. C'était un monstre, un diable, un kamikaze prêt à aller jusqu'au bout de son aventure, de ses ambitions, jusqu'en France, en France ou rien".

Aux premières heures du 9 février 1939, quatre-cent-cinquante républicains minorquins montent à bord du croiseur britannique HMS Devonshire ancré dans la rade de Mahón pour échapper aux nationalistes sur le point d'investir l'île. La guerre d'Espagne vit ses derniers instants, la Seconde Guerre mondiale va bientôt débuter. Ce jour est le premier pour Kropotkin d'un long et périlleux périple pendant lequel il entretient une abondante correspondance avec sa famille restée à Minorque et ses camarades dispersés sur le sol français. Après un long sommeil, les multiples voix de ce récit se racontent autant qu'elles racontent les deux versants de l'exil, la guerre, la peur, les camps, la servitude, les engagements politiques, la prison, l'émigration, les désillusions, la mort qui frappe, l'espoir, une petite fille qui grandit sur une petite île de Méditerranée.

Voyageur clandestin, j'ai passé une bonne partie de mon adolescence, livré à moi-même, sur la route de l'immigration. Entre 2013 et 2021, j'ai traversé une dizaine de pays d'Afrique et d'Europe, en toute illégalité. Certains de ces territoires, qui étaient en guerre ou en conflit armé, m'ont exposé à un nombre incalculable de dangers. J'ai fait face à l'immensité du désert et de la mer, deux endroits que tout oppose sauf la mort qui y règne. L'histoire est basée sur des faits réels, sur mon vécu, mais aussi sur les ressentis et les émotions qui m'ont traversé tout au long du voyage. L'objectif de ce récit est de faire découvrir ce phénomène mondial qu'est l'immigration sous un angle différent, pour rappeler que derrière les chiffres et les statistiques, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui subissent tant de souffrances sur la route.

Voici, au travers d'une nouvelle édition, actualisée et enrichie, une chronique d'ailleurs et d'autrefois. C'est l'histoire d'une vie consacrée à la découverte d'une époque qui maintenant s'éloigne et d'un monde que l'on pouvait parcourir en toute liberté. Une vie marquée pour l'auteur par la direction pendant vingt ans d'une institution des Nations Unies, chargée de contribuer au développement du tourisme international. Ce ne sont pas là à proprement parler des « mémoires », mais plutôt des « tranches de vie ». Elles retracent le parcours souvent nostalgique d'un enfant parisien du baby-boom, pris dans l'effervescence de mai 68, que son origine familiale était loin de prédisposer à servir l'État et les institutions internationales, et à devenir, en quelque sorte, un globe-trotter professionnel. Les centaines de voyages de l'auteur dans quelque 140 pays constituent par eux-mêmes une géopolitique vivante, car vécue, du tourisme international. Ils rappellent ce que fut un monde qui au fil des ans disparaît peu à peu. Sont rassemblés ici de brefs récits de découvertes et de rencontres, parfois improbables, des anecdotes souvent savoureuses, des portraits sans concession de chefs d'État, souverains et personnalités internationales.