Bücher der Reihe Logiques sociales

En 1933, Marcel Mauss, dans La sociologie en France depuis 1914, célèbre le « rôle fondateur » d¿Émile Durkheim. Il écrit : « La sociologie se constitue comme science. Elle s¿émancipe de la morale, de la politique, des recherches normatives d¿une part, et, d¿autre part, elle rompt avec la philosophie et, encore plus, avec la littérature et la critique. » La sociologie est depuis devenue « une science », et même « une science comme les autres », et pour finir « une profession ». Mais cette normalisation mimétique lui a fait oublier sa singularité et sa « vocation » : généraliste, morale, compréhensive, historique, politique, et critique de l¿existant. Ce livre invite à une anamnèse de la discipline, repositionnée dans une temporalité historico-herméneutique ouverte sur l¿humain. Il est bénéfique d¿abandonner le modèle d¿une sociologie scientiste et positiviste, objectivante des sujets sociaux, pour une sociologie de la connaissance subjectivante des objets sociaux, mettant en lumière le rôle fondateur des idées, des représentations et de l¿imaginaire, dans la construction de la réalité.

La parole est la matière première de nos relations aux autres. Elle véhicule nos pensées, traduit nos émotions, porte nos rationalités, nous engage même, car elle nous révèle et efface parfois sa différence avec l'action. Mais la parole est plurivoque, source de malentendus. Il existe ainsi des différences entre la « parole tue », celle qui se traduit par des silences, la « parole dite », celle à laquelle l'accès semble plus direct et la « parole inscrite », celle dont la matérialité de son support permet de croire en sa continuité. Chaque type ou forme de parole donne lieu à adhésion, consentement, indifférence, opposition, malentendu, rapports de pouvoir et d'autorité. Ce livre contribue à cette étude dans la suite des travaux de l'auteur sur les rationalités complexes.