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  • von Paul De Rémusat
    16,00 €

    " ... À quoi sert de savoir que la chute d'une pomme a mis Newton sur la voie de la gravitation ? Un tel exemple ne peut être utile à personne, et Newton, n'eût-il jamais vu de pommier, n'aurait probablement pas moins découvert la cause du mouvement des astres. Chaque inventeur a des procédés d'esprit différents, et, par cela même qu'il est inventeur, n'emprunte rien à personne. Quant à la manière de vivre, l'étude n'en peut avoir non plus de grands résultats pratiques, car les idées, les goûts, les habitudes des grands hommes n'ont jamais été les mêmes. Il serait difficile de décider en ce sens quel est le caractère du génie, et de choisir entre la sagesse proverbiale de Newton et les passions de Bichat. En ce genre, il n'y a pas de modèles, et si l'on n'avait que le désir d'être utile, il faudrait négliger la biographie des hommes d'esprit, et ne raconter que les actions des grands citoyens..."

  • von Alfred Maury
    17,00 €

    "... C'est ainsi qu'on pourra juger du changement que la révolution a opéré dans notre pays. Elle n'a pas seulement donné une nouvelle forme à la société, elle a métamorphosé le système administratif de la France, ou, pour mieux dire, elle a précipité l'achèvement du plan que la royauté poursuivait depuis un siècle et demi. L'on ne comprendrait pas l'¿uvre intérieure de 1789, si l'on négligeait d'étudier ce qu'était le régime qu'elle a renversé. Après les savans travaux de MM. Pardessus, C. Dareste de la Chavanne, R. Dareste, A. Chéruel, le vicomte de Luçay, la tâche est devenue moins difficile ; il nous suffira souvent d'ajouter quelques aperçus à leurs recherches..."

  • von René Pujol
    18,00 €

    Amédée Pifle, jeune diplômé se présente sur recommandation à la Gazette gauloise pour le poste de reporter politique. Il est engagé mais comme reporter sportif, domaine dans lequel il ne connaît rien ! S'ensuit une série de quiproquos, où le jeune reporter essaye tant bien que mal de se débrouiller. Une satire grinçante contre les milieux sportifs, et les arrangements politiques.

  • von Paul De Rémusat
    16,00 €

    " ... Linnée est le premier qui ait songé à établir dans le genre humain des divisions naturelles. Il compte quatre races, d'après les quatre parties du monde. Moïse, et plus tard Éphore de Cumes, avaient déjà divisé les hommes : l'un en trois races, d'après les trois fils de Noé, l'autre en quatre, d'après les quatre points cardinaux ; mais ce ne sont pas là des classifications scientifiques, et ce n'est qu'au XVIIIe siècle, que l'étude de l'homme, à ce point de vue, a pris une place sérieuse dans la science. La division de Linnée elle-même était du reste plus géographique que zoologique, et quelques années plus tard, en 1788, Gmelin et peu après lui Kant divisèrent l'homme, suivant sa couleur, en quatre variétés : le blanc, le basané, le noir et le cuivré. Buffon et Cuvier augmentèrent ce nombre, et, laissant l'Américain de côté, admirent six variétés. Blumenbach, Herder, Hunter, Lawrence, Duméril, Malte-Brun, etc., établirent encore un grand nombre de divisions fondées sur des caractères naturels, et dont nous donnerons une idée en décrivant ces caractères..."

  • von René Pujol
    23,00 €

    Que cache la vie de Suzy, qui apparait pourtant si futile ? Va-t-elle céder à la demande de son cousin Robert La Borde, en qui elle a confiance, et l'épouser même si elle n'a aucun sentiment pour lui? Qui est ce Jean de Vassal aux activités mystérieuses et douteuses ? Et que lui veut son ennemi, si acharné et dangereux? une intrigue qui se dévoile peu à peu avec un dénouement inattendu...

  • von Paul De Rémusat
    16,00 €

    " Il y a bien des gens qui ne croient pas à la magie, et il est difficile de ne pas penser qu'ils ont raison ; mais beaucoup d'autres, et qui semblaient très sages, y ont cru cependant, jusqu'à témoigner de leur confiance aux approches de la mort, au milieu des tourments, et leurs juges, souvent instruits et justes, étaient crédules comme eux. Dès l'antiquité, des hommes ont vu des prodiges et les ont attribués tantôt à la Divinité, tantôt à d'autres hommes possesseurs d'un pouvoir mystérieux. Peu de faits historiques sont aussi bien prouvés que les oracles et les merveilles de la Grèce et de l'Italie. Plus tard beaucoup de récits paraissent justifier la croyance au surnaturel, et de nos jours les prédictions, les apparitions et les esprits ne sont pas si rares qu'on l'imagine : il n'est pas démontré pour tout le monde que nulle révélation ne puisse nous venir d'au-delà du tombeau, et que la seule cause de tous les phénomènes possibles puisse être découverte par l'étude des lois physiques et naturelles. Au moyen âge, la croyance contraire était commune, et les procès de sorcellerie, les épidémies de merveilleux se comptent par milliers..."

  • von Edmond De Goncourt
    18,00 €

    En pleine campagne, au pied d'un poteau d'octroi dressé dans un carrefour, se croisaient quatre routes. La première, qui passait devant un château Louis XIII moderne où sonnait le premier coup du dîner, s'élevait par de longs circuits au haut d'une montagne abrupte. La seconde, bordée de noyers, et qui devenait au bout de vingt pas un mauvais chemin vicinal, se perdait entre des collines aux flancs plantés de vignes, aux sommets en friche. La quatrième côtoyait des carrières de balast encombrées de claies de fer à trier le sablon et de tombereaux aux roues cassées. Cette route, à laquelle aboutissaient les trois autres, menait par un pont, sonore sous les voitures, à une petite ville bâtie en amphithéâtre sur des rochers, et isolée par une grande rivière dont un détour, coulant à travers des plantages, baignait l'extrémité d'un pré touchant au carrefour...

  • von René de Pont-Jest
    20,00 €

    Un matin du mois de janvier 1855, un homme d'une cinquantaine d'années parcourait d'un pas rapide et saccadé le jardin d'une charmante habitation de la rue de la Gendarmerie, à Saint-Denis ; non pas à Saint-Denis près de Paris, mais à Saint-Denis la capitale de l'île Bourbon, ce rocher volcanique perdu au milieu de l'océan Indien et que les Anglais daignèrent nous rendre en 1815. Du groupe des îles Mascareignes, nos voisins d'outre Manche voulurent bien ne garder que la reine : l'île de France. Ce promeneur agité dont la bonne et placide physionomie reflétait la plus profonde préoccupation, était Me Duchemin, notaire...

  • von Octave Uzanne
    19,00 €

    Si l'on prétend que dans les longues rangées de bouquins alignées sur le parapet des quais il n'y a plus rien à glaner, c'est bien à tort certainement, car voici le petit roman réel découvert le mois dernier, dans la boîte à douze sous, parmi les brochures dépenaillées, les romans de concierge à couvertures maculées et les recueils solennels de harangues et discours des hommes politiques naguère célèbres, ayant valu jadis (les volumes et non les politiques) sept jolis francs et cinquante centimes...

  • von Andre Gide
    17,00 €

    L'an 190. un scandaleux procès remit sur le tapis une fois encore l'irritante question de l'uranisme. Dans les salons et les cafés, huit jours durant, on ne parla plus de rien d'autre. Las d'entendre à ce sujet s'exclamer ou théoriser au hasard les ignorants, les butés et les sots, je souhaitai d'éclairer mon jugement et, ne reconnaissant qu'à la raison, non point au seul tempérament, le droit de condamner ou d'absoudre, je résolus d'aller interviewer Corydon. Il ne protestait point, m'avait-on dit, contre certains penchants dénaturés dont on l'accuse; j'en voulus avoir le c¿ur net et savoir ce qu'il trouvait à dire pour les excuser...

  • von Anna de Noailles
    18,00 €

    ... Depuis six mois il ne l'aimait plus. Un jour, il avait senti la fin de cet amour comme on sent l'abîme. Il avait lutté, non par tendresse pour l'autre, mais pour se sauver soi-même, pour ne point périr, pour arracher aux ténèbres et continuer, s'il se pouvait, tant de sensations d'adolescence, de rêverie, de confiance et de plaisir. Ce fut en vain. Cette maîtresse maternelle et ardente, dont le dévouement ne pouvait pas changer, brusquement, un matin, sans raison, lui apparut démêlée de lui, seule, soi-même, ayant à parcourir désormais une route descendante, à l'écart de la colline d'or où Antoine Arnault s'élançait. De semaine en semaine, ressentant sa déception sans compatir à l'affreuse douleur de son amie, il l'accoutumait à l'abandon, et enfin, il l'avait quittée, alléguant la nécessité de la solitude ou des voyages pour son travail...

  • von Marie Nizet
    17,00 €

    C'était au mois de mai 1877. Les Russes fondaient comme des sauterelles sur ce magnifique pays de Roumanie qui leur était livré en proie. La population d'Iassi était quadruplée, les troupes encombraient les lignes de chemin de fer, et, malgré certaine clause de la convention roumaine interdisant l'accès de la capitale aux bataillons impériaux, les Cosaques envahissaient Bucharest. Par une brûlante après-midi, une troupe de paysans semaient le maïs et l'orge dans les environs de Bucharest. Il est impossible aux Roumains de demeurer muets un instant, et ce n'étaient pas les sujets de conversation qui manquaient alors...

  • von Emile Faguet
    20,00 €

    ... Pour se reconnaître un peu dans les idées politiques de Platon, qui sont, il faut le confesser, les plus confuses du monde, il faut d'abord aviser celles qui sont historiques et non dogmatiques, qui ont trait à ce qui a été et à ce qui est et non pas à ce qui devrait être, qui constatent et qui analysent le constaté ; puis il faut démêler le principe ou le sentiment qui est la source de toutes les idées dogmatiques de Platon en politique ; puis aborder seulement alors ces idées dogmatiques elles-mêmes...

  • von Pierre Loti
    17,00 €

    Hier existait encore une ville qui s'était à peu près conservée, comme à miracle, depuis les époques où l'Orient resplendissait. On n'y entendait point les bruits de sifflets et de ferraille qui sont l'apanage de nos capitales modernes ; la vie s'y écoulait méditative et discrète, apaisée par la foi ; les hommes y faisaient encore leur prière, et des milliers de petites tombes, d'une forme exquise et toujours pareille, y peuplaient les places ombreuses, rappelant doucement la mort sans y mêler aucune terreur. Cela s'appelait Stamboul, et ce n'était pas au bout du monde ; non, c'était en Europe, à trois jours à peine de notre Paris fiévreux et trépidant...

  • von Maurice Barres
    18,00 €

    On n'a jamais vu, dans aucune époque, une armée aussi frémissante d'intelligence et de rêve que la nôtre durant cette guerre. Toutes nos sagesses et toutes nos folies ont été mobilisées avec toute la nation. Il y avait de quoi faire sauter la discipline et les cadres. Eh bien ! tout a servi, le meilleur et ce que notre sagesse d'avant-guerre appelait le pire. Nous avons vu entrer en campagne, au profit du salut public, toutes les forces morales, qu'elles prissent naissance ici ou là, dans une religion, dans une philosophie ou dans une éducation ; tout se révéla excellent pour nourrir les âmes, et cette armée remplie de nos contradictions furieuses s'est montrée, face aux Allemands, unie et tout éblouissante de beauté spirituelle...

  • von Alfred Jarry
    16,00 €

    ... Donc, les mariniers de Seine, témoins de l'authenticité de notre récit, mais de qui, avare de place, nous ne rapporterons ici que quelques noms choisis, notre pudeur, surtout, s'opposant à l'impression des autres ; et d'ailleurs ces gens n'ont point de noms, mais des sobriquets signalétiques et sémaphoriques dont ils se saluent au cours de leurs dérives...

  • von Alfred Jarry
    16,00 €

    Que ne passe t-il par le corridor ? Ce serait plus simple. Trop simple : il grimpera le long du tuyau historié, rigide près de son balcon. Un pied sur la conjecturable solidité de ce grillage et l'autre sur la saillie de cette sculpture, il saura bien rejoindre la chambre, dans les combles. Tout est fort tranquille, excepté qu'en lui tourne une petite roue de moulin, une petite roue absolument folle, tac et tac, et encore tac : de l'eau semble bruire au fond de sa poitrine, du bruit d'écume d'en aval des cascades, ou du vent dans les arbres...

  • von Albert Robida
    16,00 €

    Juste comme le cortège royal s'engageait sur le tablier étroit du pont de l'Aude, un coup de soleil déchira les nuages et vint illuminer l'extraordinaire découpure de remparts et de tours dressées et alignées à la crête des collines, sur la rive droite de la rivière, au centre du vaste paysage montueux, bosselé de croupes fauves, qu'escaladaient des files d'arbres se perdant au loin dans les horizons roses ou bleus.Un brillant escadron de gentilshommes accourus du Razès et du Carcassez, comme de tous les points de la province de Languedoc, caracolait en avant, puis s'avançaient quelques rangs serrés de gens de pied, vieux soldats de Marignan et de Pavie, aux corselets de fer, aux manches tailladées, portant la longue pique sur l'épaule...

  • von Élie Berthet
    20,00 €

    Rien n'égale la majesté et la sublime horreur de cette partie des Alpes françaises qui s'élève entre Grenoble et Briançon, non loin de la frontière du Piémont, dans une contrée presque inabordable. Le curieux et l'artiste qui traversent le Dauphiné se contentent d'ordinaire de visiter la grande chartreuse ou la belle vallée du Graisivaudan, et ils s'éloignent, emportant le souvenir des sites riants de l'une, des imposantes bizarreries de la nature dans les défilés de l'autre ; mais bien peu ont le courage de visiter ces redoutables montagnes qui forment comme une immense barrière de neige au delà de Grenoble. De nos jours encore, le mont Pelvoux, ce géant des montagnes françaises, a été moins exploré par nos compatriotes que les régions les plus abruptes de la Suisse et de la Savoie...

  • von Maurice Magre
    19,00 €

    ... Elle était de petite taille, ce qui exagérait encore son apparence d'extrême jeunesse. Le haut de son corps était enroulé dans un châle. Elle ne portait pour tout vêtement qu'une courte basquine couleur saphir avec des volants de frange noire et l'on sentait que le châle avait été jeté vite autour de son cou au moment où elle avait fui et que la basquine avait été attachée à la hâte et tenait mal. Almazan vit sur son épaule droite, qui était nue, une meurtrissure provenant d'un coup ou d'une caresse trop prolongée. Il remarqua que le carmin de la bouche avait été écrasé par une autre bouche et s'était répandu, élargissant le dessin des lèvres. Un diamant, qu'attachait une chaîne d'or étincelait entre ses deux seins et elle portait un énorme rubis à sa main droite. Elle avait un parfum un peu animal et un je ne sais quoi de lascif et de fatigué se dégageait de sa peau...

  • von Élie Berthet
    20,00 €

    Parmi ces ruines pittoresques de châteaux forts qui s'élèvent sur les deux rives du Rhin, de Strasbourg à Cologne, on voit encore, à quelque distance de Manheim, dans une position élevée et pour ainsi dire toute féodale, les restes d'un ancien burg ; on l'appelle Steinberg. Il couronne une énorme roche grise dont la base se baigne dans l'eau. Avec ses sombres murailles, sa tour éventrée, ses dalles brisées, ses statues frustes couchées sur la poussière, il mériterait encore ce nom de nid d'aigle dont se servent obstinément les romanciers pour désigner ces manoirs aériens d'où les barons pillards du moyen âge dominaient la plaine...

  • von Élie Berthet
    20,00 €

    En face de Bordeaux, sur la rive droite de la Garonne, se trouvait en 183., une avenue de grands arbres appelée avenue de Paris, toute bordée de villas et de bastides. Quelques-unes de ces élégantes maisons de campagne étaient occupées seulement le dimanche ou pendant une partie de la belle saison ; d'autres avaient des habitants toute l'année, car on n'était là qu'à un quart d'heure des chais, de la Bourse ou du Grand-Théâtre, ces trois centres d'attraction pour la population bordelaise...

  • von Simone Weil
    16,00 €

    Il ne dépend pas de nous de croire en Dieu, mais seulement de ne pas accorder notre amour à de faux dieux. Premièrement, ne pas croire que l'avenir soit le lieu du bien capable de combler. L'avenir est fait de la même substance que le présent. On sait bien que ce qu'on a en fait de bien, richesse, pouvoir, considération, connaissances, amour de ceux qu'on aime, prospérité de ceux qu'on aime, et ainsi de suite, ne suffit pas à satisfaire. Mais on croit que le jour où on en aura un peu plus on sera satisfait. On le croit parce qu'on se ment à soi-même. Car si on y pense vraiment quelques instants on sait que c'est faux. Ou encore si on souffre du fait de la maladie, de la misère ou du malheur, on croit que le jour où cette souffrance cessera on sera satisfait. Là encore, on sait que c'est faux ; que dès qu'on s'est habitué à la cessation de la souffrance on veut autre chose...

  • von Simone Weil
    19,00 €

    ... Quand la liberté d'expression se ramène en fait à la liberté de propagande pour les organisations de ce genre, les seules parties de l'âme humaine qui méritent de s'exprimer ne sont pas libres de le faire. Ou elles le sont à un degré infinitésimal, à peine davantage que dans le système totalitaire.Or c'est le cas dans une démocratie où le jeu des partis règle la distribution du pouvoir, c'est-à-dire dans ce que nous, Français, avons jusqu'ici nommé démocratie. Car nous n'en connaissons pas d'autre. Il faut donc inventer autre chose.Le même critérium, appliqué d'une manière analogue à toute institution publique, peut conduire à des conclusions également manifestes...

  • von Leonce de Lavergne
    16,00 €

    "... Pour ne prendre qu'une portion de cet immense sujet, bornons-nous à la littérature historique. L'Espagne passe pour avoir eu peu d'historiens. Les seuls noms d'historiens qui aient franchi les monts sont ceux de Mariana, de Solis et de Zurita. Il s'en faut bien cependant que ce soit là tout le bagage historique de l'Espagne. Ces trois hommes sont loin de donner une idée des trésors que possède leur pays dans ce genre. L'annaliste de l'Aragon, Zurita, est un chroniqueur consciencieux, mais diffus, et dans la foule des chroniqueurs espagnols il s'en trouve plus d'un qui, pour la franche couleur du récit, l'emporte de beaucoup sur lui. La grande histoire de Mariana est une ¿uvre admirable de patience, d'érudition et de style ; mais si les critiques nationaux apprécient beaucoup la manière large et savante de ce Tite-Live de l'Espagne, qui passe pour le modèle du castillan classique, peut-être les étrangers ne trouvent-ils dans son immense composition ni assez de critique, ni assez de vie et de mouvement. Solis est le plus intéressant des trois ; mais ce charme qu'il doit à son sujet, certains juges sévères le lui reprochent comme un défaut, et on a dit souvent de son livre que c'était plus un roman qu'une histoire..."

  • von Leonce de Lavergne
    16,00 €

    " Il y a un moment, dans la vie de tous les peuples, où, leur premier travail de formation terminé, ils passent par une crise qui fixe leur constitution et décide de leurs destinées. Dans la confusion des origines, les éléments de toute société naissent à la fois, mais sans ordre, et participent de la vitalité ardente qui pousse la nation elle-même à se produire ; plus tard, quand la nationalité en travail a forcé les obstacles qui s'opposent à tout enfantement, ces éléments, jusqu'alors mêlés dans une impulsion unique, tendent à se séparer, à se classer, à s'organiser enfin. Une lutte intérieure s'établit, et de la victoire des uns, de l'abaissement des autres, de la combinaison de tous, se forme une société définitive qui a désormais son caractère propre et sa marche distincte.Ce moment solennel est plus ou moins apparent dans l'histoire des diverses nations de l'Europe moderne ; mais chez aucune il n'a été aussi nettement marqué qu'en Espagne où il coïncide avec la fin du quinzième siècle et le commencement du seizième. A cette époque, l'Espagne venait de finir l'¿uvre exclusive qui avait absorbé toutes ses forces durant huit siècles : les Maures étaient vaincus dans leur dernière ville. Une nouvelle ère commença dès-lors pour la Péninsule ; cette nation, qui n'avait été longtemps qu'une armée, s'arrêta sur son sol reconquis, et dut songer à se constituer autrement que pour la longue croisade qui avait rempli sa jeunesse. A l'héroïque pêle-mêle de la guerre, elle dut faire succéder un travail régulier d'organisation, car il n'est jamais donné aux peuples de se reposer, même dans la victoire..."

  • von Leonce de Lavergne
    16,00 €

    "... L'Espagne compte, en ce moment, trois générations d'hommes de lettres vivants. Les premiers sont nés dans les dernières années du XVIIIe siècle : ce sont ceux dont la carrière est déjà longue et dont la réputation est faite aussi bien en Europe que dans leur pays. A cette génération appartiennent MM. Martinez de la Rosa, Alcala Galiano, Joaquin Mora, Angel Saavedra, duc de Rivas, Javier Burgos, le comte de Toreno, et, enfin, les deux meilleurs poètes dramatiques que l'Espagne ait eus depuis Moratin, Breton de los Herreros et Gil y Zarate. La seconde génération s'est formée à l'ombre de celle-là ; ce qui la composent datent des premières années du Siècle présent et comptent aujourd'hui de trente à quarante ans. Moins connus que les premiers hors de leur pays, ils forment la portion militante de la société littéraire espagnole. Tels sont don Juan Donoso Cortès, don Antonio de los Rios y Rosas, don Ramon Mesonero, don Eugenio Hartzembusch, don Alejandro Mon, don Joaquin Pacheco, don Nicomedes Pastor Diaz. Deux poètes, morts maintenant, Espronceda et Larra, appartenaient à cette génération. Enfin vient la troisième, celle des jeunes gens proprement dits. Ceux-là n'ont pas encore trente ans et n'ont commencé à écrire que depuis quelques années. De ce nombre sont don Enrique Gil, don Pedro Madrazo, don Antonio Garcia Gutierrez, et enfin le plus jeune et le plus fécond de tous, don Jose Zorrilla..."

  • von Leonce de Lavergne
    16,00 €

    "... Cette supériorité particulière de Pitt ne s'explique pas seulement par la force de son esprit et par l'énergie de sa volonté. Ce qu'il a appliqué pour la première fois, il ne l'a pas imaginé. Les finances de tous les états de l'Europe, sans en excepter, à certains égards, celles de l'Angleterre, étaient encore, à la fin du dernier siècle, dans le chaos du moyen-âge ; mais l'esprit d'examen, qui avait pris un si grand essor pendant ce siècle, s'était exercé sur les sources de la richesse, des nations comme sur les autres branches des connaissances humaines. Une science nouvelle venait de naître. Les économistes français avaient donné le signal ; après eux était venu Adam Smith, dont le grand ouvrage publié en 1776, commença une révolution qui n'est pas encore finie. D'innombrables écrits, aujourd'hui oubliés, paraissaient dans toutes les langues, et portaient la lumière sur les questions les plus obscures de l'ordre financier. Le mérite de Pitt fut de s'approprier ce qu'il y avait de vrai dans les théories qui avaient cours de son temps et d'oser les mettre en pratique. Il n'en eut pas moins de mérite, car en toute chose l'exécution est la grande difficulté..."

  • von Leonce de Lavergne
    16,00 €

    "... Je voudrais bien donner ici une idée de ce poème, mais il a été déjà analysé de main de maître par M. Sainte-Beuve : je n'ai garde d'y revenir. Quand on a commencé à parler, à Paris, de Jasmin et de ses poésies, l'Aveugle avait déjà paru, mais à part. La publication d'aujourd'hui n'est qu'une réimpression. Tout ce que je puis dire, c'est que je l'ai relu avec un plaisir peut-être plus vif que dans sa nouveauté. J'ai retrouvé un charme indicible dans ces descriptions si franchement populaires et si poétiques pourtant, dans ces détails de m¿urs campagnardes d'une vérité si vivante et en même temps si exquise, dans ce mélange merveilleux de folle joie et de sensibilité pénétrante, dans ce récit d'une catastrophe soudaine qui vient attrister les plaisirs bruyants d'une noce de village, dans ces vers surtout faits avec tant d'art que leur mesure même est l'expression des sentiments qui les inspirent, dans ces habiles changements de rythme, ces combinaisons d'harmonie empruntées par Jasmin aux troubadours qui les avaient eux-mêmes empruntées aux Arabes ; délicatesses savantes qui n'ont de rivales en français que les coupes capricieuses de strophe inventées par les poètes du XVIe siècle, et reproduites de notre temps par Victor Hugo. Qui ne sait maintenant par c¿ur dans tout le midi la plus grande partie de ce drame lyrique, et surtout ce refrain si fortement empreint de la saveur natale ?..."

  • von Leonce de Lavergne
    15,00 €

    "... La vie de la duchesse d'Ayen a été longtemps bien peu remplie d'événements ; la naissance de ses cinq filles, leur éducation, leur première communion, leur mariage, la naissance de ses petits-enfants, la maladie et la mort de ses proches, voilà tout. Elle aimait peu le monde et n'était pas très heureuse comme épouse. Mon père, dit avec délicatesse Mme de Lafayette, dont l'attachement se montrait dans toutes les occasions où il avait quelque inquiétude pour elle, et dont la juste confiance, fondée sur l'estime mutuelle, était visible toutes les fois qu'il s'agissait entre eux de quelques grands intérêts, surtout des nôtres, vivait cependant peu dans son intérieur. Peut-être ma mère avait-elle dans leur grande jeunesse trop laissé apercevoir à un jeune homme (le duc d'Ayen était plus jeune que sa femme) la supériorité de sa raison ; peut-être avait-elle trop négligé les moyens de plaire ; du moins elle se le reprochait à elle-même. Sa tendresse ne se reportait qu'avec plus de vivacité sur ses enfants. L'aînée de ses filles épousa le vicomte de Noailles, son cousin, la seconde le marquis de Lafayette, la troisième le vicomte de Thésan, la quatrième le marquis de Montagu, et la dernière le marquis de Grammont. Elle avait eu un fils, mais elle l'avait perdu au berceau..."

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