Bücher von Paulin Sabuy Sabangu

Dans un monde comme le nôtre, où l'on célèbre volontiers le pouvoir de la technoscience, compte tenu de ses innombrables retombées sur nos conditions d'existence, il n'est pas toujours évident que l'on accepte de plein droit une approche autre que celle de la raison instrumentale qui, il faut le reconnaître, aura largement tenu la promesse de nous rendre maîtres et possesseurs du monde, conformément au présage d'antan. Toutefois, à l'apogée de ce triomphe de la science et de la technologie, il est devenu pareillement manifeste que l'action indiscriminée sur la nature comporte un inquiétant retour de feu, qui menace la planète et la vie. Tel le roi Midas, qui acquit le mythique pouvoir de transformer en or tout ce qu'il touchait ; mais ce fut au détriment de sa vie, car il en était devenu incapable de se nourrir, victime de son pouvoir exorbitant ou plutôt de l'avidité qui est à son origine.

La merveille de la vie c¿est la merveille même de l¿être. La pensée qui ignore la vie, ignore l¿être; penser est postérieur à être; la pensée est subsidiaire à l¿être. Il ne revient pas à la pensée créée de dicter ses conditions et ses exigences à la vie ou à l¿être, mais l¿inverse.Telles sont les questions que, pour ma part, j¿avais à l¿esprit au fil de mes lectures. J¿ai eu le loisir de les explorer chez différents auteurs, dans la mesure où j¿espérais trouver auprès d¿eux une réponse valable à mes interrogations ou, à tout le moins, une présentation stimulante des problèmes posés.Ces auteurs sont tous contemporains, quoiqüils appartiennent à des traditions différentes. C¿était donc avant tout le thème de notre autocompréhension ¿ qui pointe invariablement derrière ces questions-là ¿ qui a présidé au choix.Voilà aussi pourquoi je ne me suis pas limité à faire mes explorations chez des auteurs de grande renommée comme Charles Taylor, Michel Henry, Robert Spaemann ou Paul Ric¿ur. En effet, quand j¿en ai eu l¿occasion, je suis allé voir également ce qüen disaient des auteurs, peut-être un peu moins connus sous l¿angle de la philosophie ¿

Dans ce livre, on se propose de réfléchir aux problèmes et aux dérives de la fécondation artificielle. Contrairement aux apparences, la FIVET n¿est pas guidée par l¿amour de la vie. Elle serait plutôt le fruit regrettable de l¿errance du désir: le désir légitime d¿avoir un enfant, exaspéré à tel point qüon s¿engage, pour sa satisfaction, dans une logique contradictoire, où pour donner la vie on donne aussi la mort. Comment en irait-il autrement, si l¿intimité conjugale est à ce point usurpée que, dans cet espace sacré, la spontanéité accueillante de l¿amour humain est rattrapée et même largement remplacée par la logique de fabrication sur commande, avec ses exigences de contrôle de qualité ? Redoutable aventure du désir, où la volonté d¿aimer fait étrangement bon ménage avec la volonté de pouvoir; inquiétante péripétie du c¿ur humain, où la tendresse rejoint douteusement l¿implacable dialectique de tri entre embryons au laboratoire.