Bücher der Reihe Poésie(s)

Poème est ce regardComme un feu sur ses lèvresTel un grain des vieux rêvesQui s'éclot sur sa joueSi du ciel de la merOu du secret des vaguesSi du sang des sueursLa question du naufrageQu'est-ce donc que la beautéSinon ce que tu es ?

Naturellement, elles se manifestent et se comprennent, entre l'intelligible et le sensible, sur un plan médian, celui de l'imaginal. Les Ombres portent en lumière les images qu'elles sont, marquées par de bonnesou de mauvaises fortunes, car tout comme les êtres, elles ont un destin. Ainsi, elles donnent à voir et à sentir, éclairent, leur monde de visions, en éclairant aussi bien, par là même, le monde usuel, empirique, rationnel. C'est dire que la mission des Ombres est nécessaire. Surtout dans un temps où règnent la sécheresse des sentiments et le retrait des infinis.

Dans une autre ère, le chercheur voulant dépasser les confins de l'intellect ouvrait un livre d'heures pour approfondir sa réflexion. Les Saisons du Coeur, troisième recueil de Judy Pfau, se compose de méditations sereines qui ouvrent le coeur. Comme ses recueils précédents, ce volume bilingue confirme le désir de marier les deux langues qui inspirent la poète. L'expression en contrepoint de la même expérience réalise la richesse d'un duo musical. À l'instar d'Andrée Chedid, figure tutélaire et amie, Judy Pfau façonne ses poèmes avec simplicité et sagesse, atteignant ainsi l'universalité évoquée dans l'épigraphe en hommage à Chedid : « Le Je de la poésie est à tous ». Les poèmes de Judy Pfau offrent un guide à travers les saisons de la Terre, transcendant ensuite les limites du temporel pour mirer l'immuable éternel.

Avec Etats d'âmes, premier recueil de poèmes sans rimes, Iocasta Huppen aborde une palette large de thématiques telles que l'enfance, l'amour, la philosophie, la poésie engagée, les saisons. Ce recueil est le fruit d'une grande vigilance aux détails du quotidien, non moins qu'aux mouvements de la vie des natures humaines, animales et végétales.Image de couverture de Chantal Bouthegourd, Portes.

Sur notre planète, l'alchimie des mots, des rythmes, des images et des messages est la même pour toutes les langues vivantes. Le poème en est l'expression orale et ¿ souvent ¿ écrite : épanchée, scandée, chantée¿ Le mot même de « poésie », selon les anciens Grecs, signifie« création ». La poésie ne connaît pas de frontières. Mais toute langue, nationale ou régionale, l'invente et la porte à travers la phraséologie de sa culture. L'auteur de ce recueil, tout au long de sa vie, a tenté d'apprivoiser les arcanes de neuf langues, par curiosité, appétence, ludisme, défi. Ainsi ¿ de 1956 à 2009 ¿ a-t-il pu emprunter des voies pour lui nouvelles, bientôt familières, puis, très vite ¿ trop vite ¿, nostalgiques.

Dans cet ensemble de poèmes, il s'agit d'évoquer le fils disparu. Mais pas de pathos dans cette évocation, plutôt un élancement du coeur pour dire l'affection et le manque dans le monde toujours là. Un cheminement double porte ces textes. Le premier, qui va du domicile au bord de mer, est vécu comme un espace intermédiaire entre le quotidien, où la communauté des vivants est trop bruyante, et le bord de mer, lieu du recueillement. Le second, intérieur, ouvre à la contemplation et porte le désir de rejoindre le fils dans un appel vers ce qui nous dépasse et nous comprend. Le poème de Mireille Boluda, toujours sensible dans son expression, fait retour aux valeurs essentielles et chante le désir dans son inassouvissement.

Un évènement n'est vécu directement qu'une seule fois, ensuite n'en subsiste que des reflets, représentations intenses et intimes que nous rendons telles, nous, entièrement interposés. Certains des plus vifs sont là, au gré des vents et des lueurs. Ils dansent dans les larmes de l'explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020 ou de la chute de la ville d'Alep de 2016, ou encore dans le corps plus sauvage de la mer, selon ses humeurs, ses tentations... Tous azimuts, l'amertume réitère sa promesse. Que ce soit au goût ou à l'émotion, sera-t-elle assez subtile pour consoler et assez intrigante pour ne pas rassasier ?

"Les textes de Michelle Accaoui Hourani sont une méditation continue, une quête d'infini, dans la finitude du monde. Ce sont à la fois, des textes de la chute et de la rédemption. Le titre lui-même décrit, cette oscillation constante et cadencée, entre la mystique et l'épreuve, l'espérance et l'incrédulité, la proximité et l'éloignement. C'est de la grande poésie car elle se nourrit d'un vécu mais va au-delà d'elle-même. Tout en conservant un rythme régulier, qui ressemble à des battements de c¿ur. Comme si le souffle des mots redonnait une vie aux choses et un sens à la vie." Bahjat Rizk, Attaché Culturel de la Délégation Permanente du Liban auprès de L'UNESCO

Il en est des visages de femmes, amantes ou simples passantes croisées du regard, comme des paysages et des voyages ; leurs beautés ouvrent sur le désir de mains enlacées en cathédrale et creusent, jusqu'au pistil des pensées, des parfums secrets jusque-là ignorés. Chaque ville, chaque rue, chaque port a été pour l'auteur l'occasion d'entrevues qui firent sortir du sable du néant ses rêves de folles perspectives de rencontres, comme le mirage qui inspire au désert assoiffé des bleus lagons désendeuillant l'infinie solitude de son horizon. La poésie invite à survoler le monde ; n'y voir que la Joconde

Après l'exil, Paris l'inspire et l'émerveille. Tendresse, humour, spleen, l'auteur raconte et se raconte, des poèmes et récits comme on lit des histoires : pour le plaisir. Et où la poésie n'est que la démarche élancée de la prose. Avec l'harmonie pour unique souci.

Saint-John Perse. C'est, pour moi, une source perpétuelle d'étonnement que la seule évocation de ce nom suffise à m'emplir de joie. Quel antidote à la déprime ! Quel remède à la mélancolie ! Je ferme les yeux. Aussitôt une mer immense se déploie devant moi, qui délivre vague après vague les soubresauts de son corps empourpré de soleil.

Depuis une belle préface de Michel Cossec, ce recueil de textes courts, sous quelque versant de l'écriture qu'on se place, honore bien son titre. Tout ici est en résonance : le corps, la montagne, le temps, l'instant d'un regard, la lumière et l'émotion du vivant au loin puis si près que tout se rejoint sans se confondre, se fondre. Il se profile comme une attente tendue vers son issue toujours incertaine, indéfinie, indiscernable mais prégnante jusqu'à la torsion de la langue dans ses plus chères inclinations à la fulgurance des ruptures de sens. ¿ Philippe Tancelin