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  • von Georges Guieysse
    15,00 €

    " ... On peut dire que les travaux entrepris jusqu'à présent pour étudier l'argot ont été menés sans méthode. Le procédé d'interprétation n'a guère consisté qu'à voir partout des métaphores. Victor Hugo avait admiré le mot lancequiner (pleuvoir) dans la forme pittoresque duquel il retrouvait les hallebardes des lansquenets. F. Michel l'a suivi sur ce terrain dangereux. D'après lui, dans dorancher (dorer), on a modifié la terminaison par allusion à la couleur de l'orange. Bougie est une canne parce que ce n'est qu'au moyen d'une canne que les aveugles peuvent s'éclairer . Mouchique, mauvais, laid, est une injure datant de 1815, souvenir des paysans russes, mujiks..."

  • von Marcel Schwob
    16,00 €

    Le Roi au masque d'or est un recueil de contes fantastiques écrit par Marcel Schwob et publié en 1892. Dans la première nouvelle, Le roi au masque d'or, le monarque et ses sujets, les femmes, les bouffons et les prêtres, portent tous un masque, selon l'ordre instauré par les rois ancestraux. Ainsi, personne à la cour du roi n'a jamais vu de visage humain, en particulier personne n'a vu celui du roi. Un jour, un mendiant aveugle se présente, qui dit au roi qu'il ne connaît pas ses sujets, et qu'il ne se connaît pas lui-même. Il décide alors de faire tomber les masques ; il découvre alors qu'il est lépreux, et que ses ancêtres ont ordonné le port du masque pour cacher ce mal dont ils souffraient aussi.

  • von Marcel Schwob
    16,00 €

    Publié pour la première fois en 1894 et remanié en 1903, Le Livre de Monelle est un petit ouvrage littéraire, à la croisée du conte romantique et du poème en prose. Il constitue un véritable petit chef d'¿uvre, le genre de petit livre (à peine plus de 100 pages) que l'on parcourt les yeux écarquillés, en s'étonnant à chaque page de l'¿uvre étrange et fascinante que l'on est en train de lire...

  • von Roger Dombre
    19,00 €

    "...Mon brave Lazare, je crois, ma parole, qu'on m'a changé ma pupille. Quel petit démon ! Je ne la connaissais pas sous ce nouvel aspect. As-tu vu comme elle a lancé son assiette à terre ? Ça m'a rappelé mon jeune temps, lorsque je faisais de même avec ma soupe. Ah ! ah ! ah ! et de quel air elle a déposé sa serviette sans réclamer son dessert ! Voilà ce que j'appelle montrer du caractère ; au moins elle a du sang dans les veines et ainsi ne ressemble plus à son père, mon pauvre neveu, qui ne savait pas résister en face à qui que ce fût..."

  • von Émile Sicard
    16,00 €

    " L'étoile à sept rayons qui conduisait les mages S'est éteinte sur nos pays. La Méditerranée a battu nos rivages, Et les grands cyprès ont gémi. Le Rhône a charrié du limon et des pierres. Les rois d'Arles de leurs tombeaux Sont sortis. Les palais d'Avignon, sans lumières, Ont senti l'aile des corbeaux. La Fontaine de Laure a mêlé son eau vive Aux sources des mauvais printemps ; La Durance, en grondant, a dépassé ses rives, Et sur la plaine des gardians..."

  • von Marcel Schwob
    15,00 €

    Peu avant la 5ème croisade de 1219, des milliers de jeunes pèlerins allemands et français partent pour la Terre Sainte. Ils seront, pour la plupart, massacrés avant de pouvoir embarquer. Ce récit relate cet événement de point de vue des huit personnes suivantes : un clerc misérable (Goliard), un lépreux, le pape Innocent III, trois petits enfants, un autre clerc (François Longuejoue), Kalandar (le mendiant), la petite Allys et le pape Grégoire IX.

  • von Émile Sicard
    16,00 €

    " J'ai fui la ville d'or où les flots et les filles Se disputent l'amour Car une ombre pesait sur mon c¿ur qui vacille, Découronnant mes jours. Mes mains n'étreignent plus cette chair palpitante De l'âcre volupté. Mes cyprès et mes pins ont la voix consolante De l'immortalité. Je change de rosier quand l'élan de ma vie Garde encor sur ses traits D'une part la douleur, d'une autre l'harmonie Qu'augmentent mes regrets. Ils ne sont point porteurs des vaines pénitences Et des chers repentirs ; Ils ne sont les enfants que de cette distance Creusée par l'avenir..."

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    " C'était l'orgueil des rois de la vieille monarchie française d'être les fils aînés de l'église, et c'était aussi l'orgueil des cathédrales de Reims, de Notre-Dame et de l'abbaye de Saint-Denis d'être les églises et l'abbaye des rois. Dans les jours croyants et forts où la France se regardait comme le royaume aimé de Dieu, où l'idée abstraite de la patrie s'incarnait dans la royauté, où le sacre était la formule d'une adoption divine, Reims gardait le sceptre, emblème de la force, la main de justice, emblème du droit, et l'huile qui donnait au monarque, avec son caractère sacré, l'esprit d'équité et le don des miracles. Saint-Denis gardait l'oriflamme, cette bannière à la fois religieuse et chevaleresque qu'un ange, suivant une légende populaire, avait apportée du ciel comme un gage offert par le dieu des armées au chef des armées de la France. Notre-Dame, dans les solennités nationales, réunissait, pour les actions de grâce de la victoire ou les prières des grandes calamités, le roi de France et le peuple de Paris..."

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    " En 1638, un théologien, dont la vie entière s'était absorbée dans la méditation des mystères de la foi, mourut en Hollande en léguant à ses héritiers un volumineux manuscrit qu'il avait, à différentes reprises, refait, corrigé, recopié de sa main. Le théologien recommandait à ses exécuteurs testamentaires de soumettre son ¿uvre à l'examen du Saint-Siège, et de la faire disparaître, si la sagesse des prélats romains y trouvait quelques doctrines contraires aux enseignements de l'église. Malgré cette volonté suprême, qui témoignait d'un respect profond pour la tradition catholique, le livre fut donné au public tel qu'il avait été écrit. Le théologien, c'était Corneille Janssen ou Jansenius, évêque d'Ypres. Le livre, c'était l'Augustinus, commentaire obscur et diffus des opinions de saint Augustin sur la grâce, ouvrage aride et d'autant plus inextricable que saint Augustin n'avait point, toujours été d'accord avec lui- même..."

  • von Marcel Schwob
    16,00 €

    " ... Les biographes ont malheureusement cru d'ordinaire qu'ils étaient historiens. Et ils nous ont privés ainsi de portraits admirables. Ils ont supposé que seule la vie des grands hommes pouvait nous intéresser. L'art est étranger à ces considérations. Aux yeux du peintre le portrait d'un homme inconnu par Cranach a autant de valeur que le portrait d'Érasme. Ce n'est pas grâce au nom d'Érasme que ce tableau est inimitable. L'art du biographe serait de donner autant de prix à la vie d'un pauvre acteur qu'à la vie de Shakespeare. C'est un bas instinct qui nous fait remarquer avec plaisir le raccourcissement du sterno-mastoïdien dans le buste d'Alexandre, ou la mèche au front dans le portrait de Napoléon. Le sourire de Monna Lisa, dont nous ne savons rien (c'est peut-être un visage d'homme) est plus mystérieux. Une grimace dessinée par Hokusaï entraîne à de plus profondes méditations. Si l'on tentait l'art où excellèrent Boswell et Aubrey, il ne faudrait sans doute point décrire minutieusement le plus grand homme de son temps, ou noter la caractéristique des plus célèbres dans le passé, mais raconter avec le même souci les existences uniques des hommes, qu'ils aient été divins, médiocres, ou criminels..."

  • von Marcel Schwob
    18,00 €

    ... La spécialisation tactile, la science qui en est comme le prolongement instrumental, nous apprennent que le monde est en réalité discontinu. L'espace interstellaire ne diffère de l'espace intermoléculaire que parce que nous sommes placés entre les deux et que nous mesurons leurs rapports. La notion de temps qui est engendrée par celle de l'espace n'est pas plus exacte sous son premier aspect continu. Il peut y avoir de l'infini entre les moments d'un temps divisé à l'infini. On perçoit très bien que le temps psychologique (et le temps astronomique se mesure par des différences de position dans l'espace) est essentiellement variable. Notre notion du temps se transforme du sauvage à l'homme civilisé, de l'enfant à l'adulte, du rêve à la veille...

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    " L'histoire en France reste volontiers dans les limites de nos frontières, et quand elle les franchit, ce n'est en général que pour faire campagne à la suite de nos armées. Nos plus belles colonies, l'Inde, le Canada, la Louisiane, Haïti, occupent à peine quelques pages dans les volumineuses compilations de nos annalistes, et tout ce qui touche à cette France d'outre-mer, perdue sans retour, se borne à quelques dates, à quelques noms et à de stériles regrets. Non contents d'être oublieux, nous nous montrons encore injustes envers nous-mêmes, et nous calomnions notre pays en disant qu'il n'a ni le génie des voyages, ni le génie des découvertes, ni le génie de la colonisation. C'est là chez nous une opinion profondément enracinée dans un grand nombre d'esprits, mais, très heureusement, aussi fausse qu'elle est populaire, car il est à remarquer que, sauf les questions d'honneur et de gloire militaire, nous sommes toujours prêts, dans les grandes choses, à nous déprécier et dans les bagatelles à exagérer notre valeur. Qu'on examine en effet notre histoire, et l'on verra combien les reproches dont nous venons de parler sont peu fondés..."

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    " On a dit avec raison que les langues, comme les peuples, ont leur âge d'or, leur âge d'argent, leur âge d'airain et leur âge de fer : il y a un idiome qui plus qu'aucun autre justifie cette remarque, c'est la langue latine. Elle règne d'abord avec les Romains sur le monde antique ; elle reste durant de longs siècles, dans la barbarie même du moyen âge, la langue officielle du gouvernement, de la religion, de la science, de la poésie; elle unit, comme un lien fraternel, les nations chrétiennes : c'est là son âge d'argent. Puis cet idiome se retire peu à peu devant les langues nouvelles, dont quelques-unes sont tout à la fois ses rivales et ses filles. Au moment même où la renaissance semble vouloir le ramener à sa pureté primitive, les réformés le bannissent de leurs temples, les gouvernements de leur diplomatie et de leurs lois. C'est l'âge de fer qui commence pour la langue latine. La science elle-même, en se vulgarisant, la chasse de ses livres, la poésie remplace par la rime ses dactyles et ses spondées, et seul le catholicisme, dans son immobilité surhumaine, lui garde toujours au fond du sanctuaire un inviolable asile..."

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    " Quel est donc cet esprit de ténèbres, homme, serpent ou dragon, qui plane à tous les horizons du passé ? Dans le ciel, il blasphème et se bat avec les anges; sur la terre, il se sert de l'homme comme d'un cheval qu'il pique et monte à sa volonté ; il l'afflige, le tourmente, l'excite au péché, et, dans l'abîme, il le punit d'avoir péché. Il habite, avec les juifs, les carrefours tortueux des villes sombres du moyen-âge ; il se perche, comme les hiboux, sur les toits aigus des couvents, se glisse, la nuit, dans la cellule des nonnes, et va voler pour les magiciens des hosties dans les calices, des os dans les cercueils. Les saints en ont peur, Dieu s'en défie. Le grimoire enseigne comment on l'évoque, le rituel comment on le chasse. L'église le maudit, la sorcellerie l'adore. Cet esprit de ténèbres, c'est le démon de la théologie, le diable du conte monacal et de la tradition populaire..."

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    " C'était au moyen-âge une croyance de la chrétienté, et pour ainsi dire un dogme traditionnel, que Dieu honorait la France d'une protection particulière et qu'il l'avait choisie pour son royaume terrestre. Cette croyance éclate dans l'interprétation des faits historiques, et se traduit en merveilleuses légendes. Les rois de France sont les fils aînés de l'église, et, comme symbole de cette adoption, Dieu envoie dans la cathédrale de Reims, par la colombe qui porte les messages célestes, l'huile du couronnement. La fiole de saint Remi trouverait aujourd'hui peu de croyants, même parmi les plus fervents soutiens du droit divin : le scepticisme moderne avait détruit le prestige longtemps avant que les terroristes eussent brisé le vase du sacre de Clovis ; mais, quoi qu'il en soit de la sainte ampoule, on ne peut douter que cette légende n'ait exercé une puissante influence sur les destinées de la royauté française, et par cela même sur les destinées du pays. Le couronnement de nos rois n'est pas un vain cérémonial d'investiture, c'est une solennité mystique dans laquelle Dieu leur confère des grâces particulières : l'esprit de justice, car dans l'ancienne monarchie toute justice découle du roi ; le don des miracles, car le roi de France, comme les saints, guérit les malades en les touchant. Il y a donc là dès l'origine, pour les faits merveilleux, une source qui ne tarira pas dans les âges de foi..."

  • von Albert Gras
    16,00 €

    ... Généralement pieds nus, le gaucho chausse pourtant volontiers des bottes européennes achetées dans une pulperia ; mais les botas de potro font l'objet de sa prédilection : une jument est abattue, les pattes de derrière sont écorchées sans fendre la peau, cette peau est rasée et amincie au couteau, puis frottée dans les mains pour la rendre souple ; la partie d'en bas, restée ouverte, laisse passer les orteils pour saisir l'étrier. À ses pieds sont attachés d'énormes éperons en fer ou en argent du poids d'une à deux livres, aux mollettes immenses. L'Américain, quand il marche, traîne les pieds ; les éperons frottent par terre et produisent un étrange cliquetis, surtout sur un terrain dur ou sur un plancher : plus il est couvert d'argent, plus ses éperons sont grands, plus il est considéré et respecté...

  • von Andre Theuriet
    16,00 €

    ... Jules Bastien-Lepage est né à Damvillers, le 1er novembre 1848, dans une maison qui forme l'un des angles de cette place dont je viens de parler; - une simple maison de cultivateurs aisés, à la façade jaunâtre et aux volets gris. On pousse la porte d'entrée et on se trouve de plain-pied dans une cuisine, - la vraie cuisine des villages de la Meuse, avec sa haute cheminée surmontée d'ustensiles de ménage, ses rangées de chaudrons de cuivre, sa maie pour le pain et son vaisselier garni de faïences coloriées. - La chambre contiguë sert à la fois de salon, de salle à manger et même au besoin de chambre à coucher ; au-dessus, sont les chambres de réserve, puis de vastes greniers aux charpentes touffues. - C'est dans la salle du rez-de-chaussée, gaiment exposée au midi, que le peintre des Foins et de Jeanne d'Arc a ouvert les yeux...

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    " Mabillon avait cinquante-trois ans lorsqu'il partit pour l'Italie. Né le 23 novembre 1632, à Saint-Pierremont, village du diocèse de Reims, il étudia dans cette ville, prit la tonsure à l'âge de dix-neuf ans, et, en 1658, il fut envoyé à l'abbaye de Corbie pour y occuper la charge de portier et de cellerier, c'est-à-dire de distributeur des aumônes. Tout en remplissant ces humbles fonctions, que relevait sa charité envers les pauvres, il composait pour l'office de saint Adalhard, abbé de Corbie, des hymnes remarquables par leur latinité et qui furent adoptées par l'église. Vers 1661, il passa à l'abbaye de Saint-Denis et fut chargé de montrer le trésor aux étrangers et aux visiteurs. Comme il avait des scrupules sur l'authenticité de certaines reliques, il demanda à quitter cet emploi, alléguant pour raison qu'il n'aimait point à mêler la fable avec la vérité. Le motif n'ayant point paru suffisant, il fut, à son grand regret, maintenu dans sa charge de cicérone ; mais un jour il lui arriva de casser par maladresse un miroir qu'on regardait à Saint-Denis comme l'une des pièces les plus curieuses du trésor, et qui avait, disait-on, servi à Virgile pour se faire la barbe..."

  • von Gontcharov
    30,00 €

    ... Seul, le fils unique d'Anna Pavlovna, Alexandre Fedoritch, dormait encore d'un sommeil profond, comme on dort à vingt ans ; et chacun dans la maison évitait de faire du bruit, marchant sur la pointe du pied et chuchotant pour ne pas réveiller le jeune barine. Si quelqu'un parlait trop fort, aussitôt Anna Pavlovna apparaissait comme une lionne irritée, et châtiait l'imprudent d'une verte semonce, ou d'un sobriquet injurieux et parfois même d'une poussée...

  • von Andre Theuriet
    16,00 €

    Un clair matin de juin à l'époque où les prés ne sont pas encore fauchés, mais où les cerises mûrissent déjà. Le soleil qui vient de s'élancer au-dessus des massifs de la Tournette, crible de rayons la prairie, les vignes et les vergers qui dévalent du village d'Angon vers le lac aux eaux bleues. Une gaie lumière argente l'herbe onduleuse, glisse sur les feuilles lustrées des noyers, donne aux vignobles une verdure plus phosphorescente et aux cerises de plus vives rougeurs. Bien qu'on soit en semaine, des groupes de paysans en habits de travail flânent au long des vergers qui s'avancent en pointe vers le lac. Épars sur la rive ou attroupés à l'ombre des noyers, tous ont les yeux fixés du côté du village dont on voit les toits bruns fumer parmi les arbres. Leurs regards observent curieusement une grande maison savoyarde, moitié ferme, moitié château, qui dresse à gauche du chemin ses grises tourelles carrées, et abrite de sa toiture en auvent une galerie à balustres dont les piliers s'enguirlandent de plantes grimpantes. Les croisées de ce logis d'honnête apparence sont fleuries de géraniums cramoisis et s'ouvrent toutes sur le paysage du lac. Un large escalier de pierre met la galerie en communication avec les allées du verger, et sur cet escalier paraît un jeune garçon svelte et alerte. Il descend lestement les marches. À sa vue, une rumeur se produit dans les groupes...

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    Le moyen-âge présente un singulier phénomène. La société est assaillie par des maux sans nombre ; une plainte amère et profonde sort de chaque siècle : cette plainte, d'âge en âge, est répétée par l'histoire, et jusqu'à la renaissance, parmi ceux qui souffrent, qui discutent et qui pensent, personne ne cherche dans la constitution sociale et les lois, la cause et le remède des misères et des douleurs qui frappent fatalement chaque génération. L'esprit humain, dompté par la foi, accepte le mal comme le châtiment inévitable d'une faute héréditaire, et, en présence des réalités les plus désastreuses, son activité se concentre tout entière sur les abstractions de la métaphysique religieuse. Ce n'est point à la société, mais au dogme ou à l'église que s'attaquent les novateurs et les utopistes. Chaque réformateur s'annonce comme un prophète : la lutte des idées est, pour ainsi dire, transportée dans l'infini, et le moyen-âge, dans la sphère intellectuelle, n'est qu'un long tournoi théologique ; mais au XVIe siècle le génie de la controverse, épuisé par Luther et Calvin, retombe brusquement du ciel sur la terre; la théologie se retire de la scène active du monde pour se réfugier dans l'école ; le problème du bonheur terrestre remplace peu à peu le problème du bonheur éternel, et l'inquiétude des esprits, limitée aux intérêts positifs, se rejette violemment dans les controverses sociales...

  • von Andre Theuriet
    16,00 €

    Notre voiture descendait rapidement la rampe de Talloires. Arrivé au Vivier, le cocher mit son cheval au pas pour le laisser souffler, de sorte que nous pûmes examiner à loisir le paysage matinal. - La route creusée dans le roc courait, blanche, au long du lac d'Annecy en doublant la pointe où se dresse la chapelle abandonnée de la Madeleine. À droite, la nappe glauque du lac, que le vent ridait légèrement, s'étendait jusqu'à la bordure des vignobles qui forment la première assise des montagnes d'Entrevernes. De longs nuages errants, coupant les sommets par le milieu, n'en laissaient voir que la base verdoyante et la cime ensoleillée. Au fond, les bois de sapins de la gorge de Doussard, à demi noyés dans une vapeur bleu foncé, faisaient mieux valoir encore l'azur clair de l'eau sur laquelle la presqu'île d'Angon découpait les dentelures de ses peupliers. À notre gauche, une paroi de rochers surplombait au-dessus de la route et, parmi les broussailles qui en tapissaient la crête, on distinguait un sentier de chèvre, serpentant sur la corniche, à une trentaine de mètres...

  • von Andre Theuriet
    17,00 €

    C'était à l'époque où l'on construisait la maison centrale. L'administration des prisons ayant résolu de dédoubler le personnel de celle de Cl..., en transportant les femmes qui y étaient détenues dans une autre localité, un inspecteur général avait déclaré que les bâtiments de l'ancienne abbaye d'Auberive répondraient merveilleusement aux vues du ministre. En conséquence, l'État avait acquis le vieux domaine des Cisterciens, et on était en train de l'approprier à sa nouvelle destination, au grand désespoir des habitants du bourg, qui se souciaient peu d'avoir une maison de force et de correction dans leur voisinage. Le directeur de Cl..., impatient d'être débarrassé de ses détenues, pressait les travaux avec une activité fiévreuse ; et, comme son établissement n'était séparé d'Auberive que par une huitaine de lieues, il passait la moitié de son temps sur le chantier des constructions commencées, examinant les gros murs, harcelant l'architecte, bousculant les entrepreneurs et faisant endiabler les ouvriers...

  • von Andre Theuriet
    16,00 €

    C'était, autant qu'il m'en souvienne, en décembre, un après-midi de dimanche ; car du fond de notre salle à manger, j'entendais les sonneries des vêpres tinter à l'église voisine. On m'avait laissé à la maison sous la garde de Céline, ma bonne. Depuis que j'avais perdu ma mère, trois ans auparavant, mon père s'absentait fréquemment. Il aimait le monde et s'ennuyait chez lui.Cette fois, son absence devait durer huit jours ; il avait pris un congé pour aller à Paris - à l'Administration comme on disait couramment chez nous. - Il était fonctionnaire et sollicitait son avancement. Nous restions donc, Céline et moi, les maîtres du logis et nous occupions nos loisirs du mieux que nous pouvions. J'avais installé sur la table, non loin du poêle, un petit théâtre en cartonnage et, prenant, l'une après l'autre, les marionnettes accrochées à un fil de fer, je me jouais à moi-même de très émouvantes comédies. Quant à ma bonne, bien que ce fût jour férié, sans souci des défenses de l'Église, elle avait posé sur deux dossiers de chaises une planche capitonnée de flanelle et, très affairée, elle repassait des chemises et des collerettes...

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    "... Les archéologues en province ne sont ni moins nombreux ni moins actifs que les numismates. Le mouvement a commencé, surtout en ce qui touche l'archéologie nationale, par la Normandie, et MM. de Gerville, de Caumont, Le Prévost en ont été les véritables promoteurs. Chacun, dans cette spécialité même, a pris une spécialité distincte, en s'attachant toujours à quelque province ou à quelque ville ; mais, par malheur et à force de particulariser, on est arrivé aux infiniment petits : après avoir fait plusieurs volumes sur un seul monument, on a fait des volumes sur un clocher, de gros articles sur de petites cloches, des mémoires sur des sonnettes de sacristie, témoins MM. Eloy Johanneau, Vergniaud Romagnesi et A. Dufaur de Pibrac. La faute, du reste, n'en est pas seulement aux érudits, mais bien aussi au comité des Arts de Paris, qui a encouragé les études microscopiques en leur attribuant une importance exagérée. Cette réserve faite, il est juste de reconnaître qu'il s'est produit d'excellentes choses, et comme preuve il suffit de jeter les yeux sur les travaux de M. F. de Vernheil à Nontron, l'abbé Texier à Clermont, Le Prévost à Évreux, Duval et Jourdain à Amiens, Mallet en Auvergne, Deville à Alençon, Voiliez à Beauvais, l'abbé Greppo à Belley, l'abbé Godard dans la Nièvre. Il y a là un ensemble d'études sérieuses, désintéressées, et qui méritent d'autant plus d'éloges qu'elles ont été poursuivies avec persévérance, sans le secours des bibliothèques et des grandes collections de la capitale, sans les encouragements du gouvernement, sans les fanfares de la critique..."

  • von Elie Faure
    20,00 - 22,00 €

  • von Alexandre Dumas
    16,00 €

    ... Oh ! Lectoure est un gentilhomme de sens, et ce qu'il sait de notre famille lui a inspiré le plus vif désir de s'allier à nous : il en est digne du reste. Il a fait ses preuves de 1399, et Chérin est très-content de ses titres. Un de ses ancêtres était même allié à la famille royale d'Écosse : de là vient le lion qu'il porte dans ses armes ; c'est fort convenable enfin. C'est lui, du reste, qui a insisté pour que toutes les cérémonies se fissent en son absence. Vous avez eu la bonté d'ordonner la publication des bans, madame ?...

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    " C'est une croyance universelle, et pour ainsi dire une tradition native du genre humain, que l'homme, à l'aide de certaines formules et de certaines pratiques, empruntées tantôt à la religion, tantôt à la science, peut changer les lois éternelles de la nature, soumettre à sa volonté les êtres invisibles, s'élever au-dessus de sa propre faiblesse, et acquérir la connaissance absolue et la puissance sans limites. Ces dons supérieurs auxquels il aspire, il les demande indistinctement aux éléments, aux nombres, aux astres, aux songes, au principe éternel du bien comme au génie du mal, aux anges, à Satan. Égaré par son orgueil, il crée toute une science en dehors de l'observation positive; et, pour régner en maître absolu sur la nature, il outrage à la fois la religion, la raison et les lois. Cette science, c'est la magie, qui se divise, suivant les temps et les lieux, en une infinité de branches: cabale, divination, nécromancie, géomancie, philosophie occulte, philosophie hermétique, astrologie, etc., science empoisonnée dans sa source, qui se résume, au moyen âge, dans la sorcellerie, et qui, toujours maudite, toujours combattue par les lois de l'Église et de la société, reparaît toujours impuissante et convaincue..."

  • von Charles Louandre
    16,00 €

    ... Jérôme Savonarole naquit à Ferrare, le 21 septembre 1452, d'une famille qui existe encore aujourd'hui. Destiné d'abord à la médecine, il se livrait à l'étude de cette science tout en s'appliquant à la lecture d'Aristote et de saint Thomas, lorsqu'un jour, en se promenant à Faenza, il entra dans une église où prêchait un moine augustin. Quelques paroles du prédicateur le frappèrent vivement; il crut entendre la voix même de Dieu qui le conviait à se faire moine, et dès ce moment il résolut de chercher dans le cloître un repos qu'il ne devait jamais y trouver. Le 23 avril 1475, il quitta furtivement sa famille, en laissant sur sa table de travail un traité du mépris du monde et une lettre par laquelle il expliquait à son père les motifs de sa résolution. Empreinte d'une foi ardente et d'une sombre colère contre la perversité du siècle, tendre, éloquente et triviale tout à la fois, cette lettre fait déjà pressentir le mystique exalté qui ne peut supporter la grande méchanceté de certains peuples d'Italie - et le moine enthousiaste qui craint de voir le diable lui sauter sur les épaules, et qui refuserait de retourner dans le siècle lors même qu'il pourrait y devenir plus grand que César-Auguste. Frère Jérôme, en quittant la maison paternelle, s'était retiré à Bologne, dans un couvent de l'ordre de saint Dominique. Il y remplit pendant un an les fonctions de tailleur et de jardinier, et prit l'habit en 1476. Ces premières années de sa vie claustrale ne sont marquées par aucun incident notable. Comme tous les autres moines, il étudie Aristote, saint Thomas, l'Écriture sainte ; il instruit les novices, il parcourt les villes et les campagnes pour prêcher et pour confesser, sans que rien le fasse encore distinguer, et il attend Jusqu'à l'âge de trente-quatre ans, c'est-à-dire jusqu'à l'année 1486, avant de commencer sa mission prophétique...

  • von Alphonse Karr
    21,00 €

    " Un des premiers jours du mois de mai, vers trois heures de l'après-midi, une voiture allait quitter une grande route bordée de pommiers, pour s'arrêter devant une petite maison de campagne qui était à gauche de la route, quand les personnes qui étaient dans la voiture ordonnèrent au cocher d'arrêter. Un jeune homme s'approcha de la voiture et salua.- Comment ! vous par ici, Seeburg ? s'écria un homme de quarante ans.- Oui, monsieur Morsy, répondit le jeune homme ; je donne tous les deux jours une leçon à un quart de lieue d'ici. J'ai pris l'avance sur la voiture, et je l'attends au passage. J'ai voulu faire une partie de la route à pied ; le pays est charmant.- Charmant, en effet, dit une grosse dame qui occupait le fond de la voiture avec son mari. - Voyez donc quelle jolie chaumière, dit une belle jeune fille placée sur le devant ; comme ce toit de chaume est couvert d'iris en fleurs !Le jeune homme salua pour permettre à la voiture de continuer sa route..."

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