Über Frida
C'était, autant qu'il m'en souvienne, en décembre, un après-midi de dimanche ; car du fond de notre salle à manger, j'entendais les sonneries des vêpres tinter à l'église voisine. On m'avait laissé à la maison sous la garde de Céline, ma bonne. Depuis que j'avais perdu ma mère, trois ans auparavant, mon père s'absentait fréquemment. Il aimait le monde et s'ennuyait chez lui.
Cette fois, son absence devait durer huit jours ; il avait pris un congé pour aller à Paris - à l'Administration comme on disait couramment chez nous. - Il était fonctionnaire et sollicitait son avancement. Nous restions donc, Céline et moi, les maîtres du logis et nous occupions nos loisirs du mieux que nous pouvions. J'avais installé sur la table, non loin du poêle, un petit théâtre en cartonnage et, prenant, l'une après l'autre, les marionnettes accrochées à un fil de fer, je me jouais à moi-même de très émouvantes comédies. Quant à ma bonne, bien que ce fût jour férié, sans souci des défenses de l'Église, elle avait posé sur deux dossiers de chaises une planche capitonnée de flanelle et, très affairée, elle repassait des chemises et des collerettes...
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