Über Fromont jeune et Risler aîné
Une noce chez Véfour
C¿était bien la vingtième fois de la journée que le brave Risler disait qüil était content, et toujours du même air attendri et paisible, avec la même voix lente, sourde, profonde, cette voix qüétreint l¿émotion et qui n¿ose pas parler trop haut de peur de se briser tout à coup dans les larmes.
Pour rien au monde, Risler n¿aurait voulu pleurer en ce moment, ¿ voyez-vous ce marié s¿attendrissant en plein repas de noces ! ¿ Pourtant il en avait bien envie. Son bonheur l¿étouffait, le tenait par la gorge, empêchait les mots de sortir. Tout ce qüil pouvait faire, c¿était de murmurer de temps en temps avec un petit tremblement de lèvres : « Je suis content... Je suis content... »
Il avait de quoi l¿être, en effet. Depuis le matin, le pauvre homme se croyait emporté par un de ces rêves magnifiques dont on craint de se réveiller subitement, les yeux éblouis : mais son rêve, à lui, ne semblait jamais devoir finir. Cela avait commencé à cinq heures du matin, et à dix heures du soir, dix heures très précises à l¿horloge de Véfour, cela durait encore...
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