Über LE CAVALIER FORTUNE
¿ Monseigneur, dit Fortune, nous autres Français nous n¿avons point la vanterie des Espagnols. S¿il y a chez nous un défaut, c¿est que nous ne savons pas nous faire valoir suffisamment. Je suis brave, mes preuves sont faites, et quant à la prudence, j¿en ai en vérité à revendre. À Paris, comme à Florence, à Turin et dans d¿autres villes capitales, mon adresse passe en proverbe, et c¿est justice, car aussitôt que j¿entreprends une affaire elle est dans le sac. En me choisissant, Votre Éminence a eu la main heureuse : je lui en fais mon sincère compliment. C¿était un magnifique garçon, à la taille élégante et robuste à la fois. Il disait tout cela en souriant, debout qüil était, dans une attitude noble mais respectueuse, incliné à demi devant un personnage aux traits sévères et fortement accentués qui portait le costume de prêtre. Il avait, lui, notre beau jeune homme, l¿accoutrement d¿un cavalier d¿Espagne. La plume de son feutre, qüil tenait à la main et dont les bords étaient relevés à la Castillane, balayait presque le sol. L¿expression de son visage était douce, franche, mais légèrement moqueuse, et ses traits auraient péché par une délicatesse un peu efféminée, sans une belle moustache soyeuse et noire, qui relevait ses crocs galamment tordus jusqüau milieu de sa joue. Il y avait un singulier contraste entre cette figure jeune et charmante, où s¿étalait en quelque sorte effrontément toute l¿insouciance d¿une jeunesse aventureuse, et le front maladif de ce prêtre qui semblait courbé sous les fatigues de la pensée.
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