Über Tendresses Impériales
Je reçois ta lettre, mon adorable amie; elle a rempli mon c¿ur de joie. Je te suis obligé
de la peine que tu as prise de me donner de tes nouvelles; ta santé doit être meilleure
aujourd'hui; je suis sûr que tu es guérie. Je t'engage fort à monter à cheval, cela ne peut
pas manquer de te faire du bien.
Depuis que je t'ai quittée, j'ai toujours été triste. Mon bonheur est d'être près de toi.
Sans cesse je repasse dans ma mémoire tes baisers, tes larmes, ton aimable jalousie, et
les charmes de l'incomparable Joséphine allument sans cesse une flamme vive et
brûlante dans mon c¿ur et dans mes sens. Quand, libre de toute inquiétude, de toute
affaire, pourraije passer tous mes instants près de toi, n'avoir qu'à t'aimer, et ne penser
qu'au bonheur de te le dire et de te le prouver? Je t'enverrai ton cheval; mais j'espère
que tu pourras me rejoindre. Je croyais t'aimer il y a quelques jours; mais, depuis que je
t'ai vue, je sens que je t'aime mille fois plus encore. Depuis que je te connais, je t'adore
tous les jours davantage: cela prouve combien la maxime de La Bruyère, que l'amour
vient tout d'un coup, est fausse. Tout, dans la nature, a un cours et différents degrés
d'accroissement. Ah! je t'en prie, laissemoi voir quelquesuns de tes défauts; sois moins
belle, moins gracieuse, moins tendre, moins bonne surtout; surtout ne sois jamais
jalouse, ne pleure jamais; tes larmes m'ôtent la raison, brûlent mon sang. Crois bien
qu'il n'est plus en mon pouvoir d'avoir une pensée qui ne soit pas a toi, et une idée qui
ne te soit pas soumise.
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