Über Travail sur l¿Algérie
Je ne crois pas que la France puisse songer sérieusement à
quitter l'Algérie. L'abandon qu'elle en ferait serait aux yeux du
monde l'annonce certaine de sa décadence. Il y aurait beaucoup
moins d'inconvénient à nous voir enlever de vive force notre
conquête par une nation rivale. Un peuple dans toute sa vigueur
et au milieu même de sa force d'expansion, peut être malheureux
à la guerre et y perdre des provinces. Cela s'est vu pour les
Anglais qui, après avoir été contraints de signer en 1783 un traité
qui leur enlevait leurs plus belles colonies, étaient arrivés, moins
de trente ans après, à dominer toutes les mers et à occuper les
plus utiles positions commerciales sur tous les continents. Mais si
la France reculait devant une entreprise où elle n'a devant elle
que les difficultés naturelles du pays et l'opposition des petites
tribus barbares qui l'habitent, elle paraîtrait aux yeux du monde
plier sous sa propre impuissance et succomber par son défaut de
c¿ur. Tout peuple qui lâche aisément ce qu'il a pris et se retire
paisiblement de lui-même dans ses anciennes limites, proclame
que les beaux temps de son histoire sont passés. Il entre
visiblement dans la période de son déclin.
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